Le gouvernement rwandais a vivement réagi ce mercredi 3 juillet sur le réseau social X aux conclusions accablantes du dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur la République Démocratique du Congo. Ce document, rendu public le 2 juillet, relance avec force les accusations de présence militaire rwandaise à l’est de la RDC et de contrôle exercé par Kigali sur les opérations du groupe rebelle M23.
Selon les experts ONU RDC, des hauts responsables rwandais superviseraient directement les mouvements du M23 dans une stratégie de conquête territoriale, des actes « susceptibles de sanctions » internationales. Le rapport dénonce également les liens opérationnels entre l’armée congolaise (FARDC) et les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé en partie d’anciens génocidaires hutus responsables des massacres de 1994 au Rwanda.
Dans une réponse cinglante, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a retourné l’accusation : « Le rapport confirme le soutien de Kinshasa aux FDLR ainsi que la dépendance des FARDC à cette milice comme force de combat de première ligne ». Cette déclaration jette une lumière crue sur les tensions Kigali Kinshasa qui persistent malgré les tentatives de médiation régionale.
Makolo a catégoriquement démenti ce qu’elle qualifie de « fausses accusations » de contrebande de minerais, affirmant que le document « déforme délibérément les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda ». Pour Kigali, la « menace persistante des FDLR » justifierait pleinement ses mesures défensives le long de la frontière avec la RDC. Cette position soulève une question cruciale : comment concilier les impératifs sécuritaires du Rwanda avec les preuves documentées par les Nations Unies ?
Le rapport des experts détaille pourtant des preuves tangibles de l’implication rwandaise dans le conflit M23, notamment le déploiement de troupes régulières et le contrôle des chaînes de commandement du mouvement rebelle. Ces révélations interviennent dans un contexte où les combats au Nord-Kivu ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de civils et déstabilisé toute la région des Grands Lacs.
Face à ces accusations, le Rwanda se présente en acteur de paix : « Nous sommes pleinement engagés dans la mise en œuvre de l’accord de Luanda signé à Washington », a insisté Makolo. Selon elle, la neutralisation des FDLR – objectif central de Kigali – permettrait « le retrait des mesures défensives rwandaises, le retour des réfugiés et la stabilité régionale ». Mais cette vision est-elle compatible avec les conclusions du rapport ONU RDC Rwanda qui documente une réalité diamétralement opposée ?
Les experts onusiens soulignent que la collaboration entre les FARDC et les FDLR contre le M23 crée un cercle vicieux de violence. Les FDLR, considérés comme une menace existentielle par Kigali, sont paradoxalement devenus des auxiliaires de l’armée congolaise dans sa lutte contre la rébellion soutenue par le Rwanda. Cette configuration perverse explique en partie l’enlisement du conflit et l’échec répété des processus de paix.
Alors que la communauté internationale examine les preuves accablantes du rapport, une interrogation demeure : cette nouvelle escalade verbale annonce-t-elle un durcissement des positions ou ouvrira-t-elle enfin la voie à un dialogue constructif ? Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir de l’est congolais et des relations entre ces deux voisins en proie à une méfiance réciproque profonde.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
