À Walendu Pitsi, dans le territoire de Djugu, le chef coutumier regarde avec amertume les nouvelles écoles surgissant ailleurs en Ituri. « Pourquoi notre entité, l’une des plus peuplées, reste-t-elle oubliée ? » lance-t-il, voix tremblante de colère. Son témoignage résonne comme un cri dans le paysage du programme territoires RDC, où 41 infrastructures viennent d’être réceptionnées mais où les frustrations locales exposent des fractures profondes.
Le PDL-145T Ituri, bras séculier du gouvernement pour le développement local RDC, a officiellement livré 26 écoles, 12 centres de santé et 3 bâtiments administratifs. Ces réalisations, confirmées par Michel Ramazani du Bureau central de coordination (BCECO), transforment déjà le quotidien : taux de scolarisation en hausse, agents de l’État mieux logés, dispensaires enfin équipés pour accueillir les mères et enfants. « L’impact est visible », insiste Ramazani, soulignant comment ces infrastructures Ituri comblent des décennies de carences.
Pourtant, derrière ces avancées, une amère réalité se dessine. Comment expliquer que Walendu Pitsi, zone densément peuplée de Djugu, n’ait reçu aucun des 41 ouvrages ? Les autorités coutumières pointent un « déséquilibre inacceptable » dans la répartition des projets. « Nous sommes las des promesses. Le gouvernement doit corriger cette injustice », tonne un chef local, décrivant des salles de classe surpeuplées et des centres de santé improvisés sous des paillotes. Cette colère illustre les tensions entre les succès affichés et les attentes trahies des communautés.
Les défis, eux, s’amoncellent comme des pierres dans le chemin du PDL-145T Ituri. Comment construire quand l’insécurité paralyse les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa ? Comment acheminer des matériaux sans routes praticables ? Cinquante-cinq chantiers stagnent déjà, tandis que huit autres peinent à démarrer, pris en étau entre les groupes armés et l’enclavement. Ces obstacles menacent la viabilité même du programme, pourtant crucial pour les écoles centres de santé Ituri.
Le programme, ambitieux sur papier, révèle ainsi ses limites face aux réalités congolaises. Si les bâtiments neufs redonnent espoir à certains, leur distribution inégale creuse les fractures sociales. L’urgence n’est plus seulement de construire, mais de bâtir équitablement. Car au-delà des murs, c’est la cohésion des territoires qui se joue. Sans sécurité renforcée et logistique adaptée, les infrastructures Ituri risquent de rester des îlots de prospérité dans un océan de précarité. La réussite du développement local RDC dépendra de sa capacité à écouter ces cris du cœur, comme celui de Walendu Pitsi, avant que les désillusions ne viennent éroder la confiance en l’État.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
