Une opération de bouclage menée par les combattants de l’AFC/M23 a une nouvelle fois secoué Sake ce mardi matin. Dès 5 heures, les rebelles ont investi les quartiers Mosquée, Virunga, Bikali et Ndolero, contraignant des centaines d’habitants à un contrôle d’identité forcé dans un stade local.
Au terme de cette opération bouclage Nord-Kivu, vingt personnes – majoritairement des jeunes – ont été interpellées. Les arrestations Sake M23 cibleraient des présumés collaborateurs des FARDC, des Wazalendo ou des FDLR. Les détenus ont immédiatement été transférés vers Goma, sans qu’aucune source indépendante ne puisse vérifier les conditions de leur détention.
Deux jeunes ont été blessés par balle lors de cette intervention, selon des témoins oculaires. Leurs blessures seraient consécutives à une tentative de fuite face aux combattants. À ce jour, l’AFC/M23 n’a communiqué aucun bilan officiel confirmant ces violences.
Cette opération constitue le quatrième bouclage du genre dans le territoire de Masisi en moins d’un mois. La rébellion justifie ces raids par la nécessité de lutter contre l’insécurité et les éléments armés hostiles. Pourtant, le bilan cumulé fait froid dans le dos : près de 80 arrestations déjà enregistrées à Sake et Kimoka.
Les organisations de défense des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Ces interventions répétées du groupe AFC/M23 Sake créent un climat de terreur parmi les civils. Des questions cruciales se posent : ces arrestations massives respectent-elles les procédures légales ? Les blessés par balle Goma sont-ils le symptôme d’un usage disproportionné de la force ?
Dans le groupement de Kamuronza, l’opacité reste totale sur le sort des personnes interpellées. L’accès aux centres de détention est strictement contrôlé par la rébellion, empêchant toute supervision indépendante. Cette situation alimente les craintes d’exactions et de traitements inhumains.
La communauté locale est prise en étau entre la menace des groupes armés et la brutalité des opérations de « sécurisation ». Les droits humains Masisi sont-ils sacrifiés sur l’autel de la lutte contre l’insécurité ? Les récentes arrestations Sake M23 illustrent un inquiétant glissement vers des méthodes expéditives. Jusqu’où iront ces opérations ?
Face au silence des autorités provinciales, la pression monte pour une enquête indépendante sur les conditions de ces interpellations et les circonstances des blessures par balle. La crédibilité des processus de pacification dans le Nord-Kivu en dépend directement.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net