Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) négocie un partenariat stratégique sur les minerais critiques avec les États-Unis, une voix dissonante émerge avec force. Justin Mudekereza Bisimwa, docteur et militant politique de renom, publie un livre incendiaire intitulé « Les minerais critiques, liens dangereux ». Dans cet ouvrage de 288 pages, l’auteur fustige ce qu’il perçoit comme une menace existentielle pour la souveraineté nationale.
Depuis son exil américain, Mudekereza assène une critique cinglante : « Je n’ai jamais qualifié cet arrangement d’accord entre la RDC et les USA. Il s’agit selon moi d’un deal entre les États-Unis et monsieur Félix Tshisekedi à titre individuel ». Cette affirmation, lourde d’implications, soulève des questions fondamentales sur la nature même de cet accord minier RDC USA et sa conformité aux intérêts nationaux.
L’analyse décapante de l’ancien candidat présidentiel révèle un processus opaque, initié après la visite controversée de Massad Boulos à Kinshasa. « Ni le Sénat, ni l’Assemblée nationale ne disposent à ce jour d’informations concrètes sur le contenu », déplore-t-il. Cette opacité nourrit les suspicions d’une instrumentalisation politique post-électorale, fragilisant davantage les institutions congolaises déjà éprouvées.
Comment expliquer cette précipitation dans un contexte sécuritaire aussi volatile ? Mudekereza rappelle l’urgence prioritaire : la pacification de l’Est du pays. Plutôt qu’un accord bilatéral potentiellement léonin, il plaide pour un cadre multilatéral impliquant les organisations régionales. Son livre Justin Mudekereza constitue un réquisitoire implacable contre ce qu’il nomme une « capitulation stratégique » face aux appétits étrangers sur les ressources congolaises.
L’auteur érige cinq préalables incontournables avant toute signature : un dialogue national inclusif, une conférence internationale sur la paix des Grands Lacs, la création d’un tribunal pénal spécial, un gouvernement de transition excluant les figures controversées, et des négociations directes avec les FDLR. Ces exigences, présentées comme garde-fous démocratiques, interrogent la légitimité même du processus en cours.
La question centrale demeure : cet accord sert-il réellement les intérêts congolais ou sacrifie-t-il la souveraineté Congo sur l’autel des alliances opportunistes ? Les minerais critiques politique mondiale – cobalt, cuivre, tantale – placent la RDC au cœur d’une bataille géopolitique où les démocraties fragiles risquent de devenir de simples spectateurs de leur propre destin minier.
La couverture provocatrice de l’ouvrage, montrant un Donald Trump menaçant devant la Maison Blanche, symbolise cette critique souveraineté Congo radicale. Mudekereza y voit le visage d’une hégémonie décomplexée : « Washington traite Kinshasa en colonie économique, non en partenaire souverain ». Cette charge intervient alors que les minerais congolais deviennent stratégiques pour la transition énergétique occidentale.
L’auteur, lauréat du Prix Leadership Nelson Mandela 2023, ne se contente pas de dénoncer. Son analyse propose une refondation complète de la gouvernance des ressources. Faut-il y voir le manifeste d’une alternative politique ? Sa proposition de gouvernement de transition excluant Tshisekedi, Kabila et Nangaa suggère une ambition de reconfiguration du paysage politique congolais.
Ce livre s’inscrit dans le débat crucial sur la démocratie RDC livre et son articulation avec la gestion des ressources naturelles. Alors que la communauté internationale observe avec intérêt ces négociations, Mudekereza lance un avertissement solennel : sans transparence et sans inclusion, cet accord minier pourrait devenir le fossoyeur de la légitimité étatique congolaise. L’histoire jugera si ces alertes, documentées avec précision dans ses six chapitres, auront été des prophéties ou des cris dans le désert.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd