Dans un tournant diplomatique majeur, la République Démocratique du Congo et le Rwanda ont scellé ce 27 juin 2025 un accord de paix historique sous médiation américaine. Les ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Jean Patrick Nduhungirehe ont paraphé le document au Département d’État américain, en présence du secrétaire d’État Marco Rubio et sous l’œil témoin du Qatar. Cet accord vise à mettre fin à trois décennies de conflit dans l’Est de la RDC qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés.
Le texte, fondé sur une déclaration de principes approuvée en avril, engage Kigali à un retrait sans condition préalable de toutes ses troupes du territoire congolais. Il prévoit également la cessation du soutien étatique aux groupes armés, notamment l’AFC/M23 et les FDLR, un désengagement militaire progressif, et le retour des réfugiés. Un mécanisme conjoint de suivi sera établi, accompagné d’initiatives d’intégration économique régionale.
Lors d’une intervention au Conseil de sécurité de l’ONU, le chargé d’affaires congolais Hippolyte Mfulu Kingonzila a salué cet accord mais mis en garde contre les risques de récidive. « Nous espérons que cette fois-ci, les États-Unis sauront imposer au Rwanda des sanctions à la mesure de ses forfaitures en cas de violation », a-t-il déclaré, rappelant que la présence rwandaise dans l’Est congolais a été documentée par plusieurs rapports onusiens.
Le conflit dans l’Est de la RDC demeure une plaie ouverte. Selon les dernières évaluations, le M23 – soutenu militairement par Kigali selon l’ONU – contrôle encore plusieurs localités. Les violences persistantes continuent de déstabiliser la région, entraînant des conséquences humanitaires désastreuses et entravant le développement économique, notamment dans le secteur minier stratégique.
L’administration Trump, artisan central de cette médiation américaine, s’est félicitée d’un succès obtenu « dans un temps record ». Ce processus s’inscrit dans une double dynamique : sécuriser l’accès aux minerais congolais tout en contrant l’influence croissante de la Chine dans la région. Un sommet crucial entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est prévu fin juillet à la Maison Blanche pour consolider cet accord de paix.
Plusieurs défis subsistent cependant. Le groupe FDLR, non signataire, devra être neutralisé conformément aux dispositions. Parallèlement, des négociations sont en cours à Doha avec le M23 pour un accord complémentaire, non encore finalisé. La réussite de ce processus dépendra de sa traduction concrète sur le terrain : le retrait effectif et vérifiable des troupes rwandaises et de leurs supplétifs restera la pierre de touche de cet engagement.
Si cet accord ouvre une fenêtre d’espoir pour une paix durable dans l’Est congolais, sa mise en œuvre s’annonce complexe. La communauté internationale devra maintenir une vigilance active, tandis que Kinshasa et Kigali auront à démontrer leur volonté politique de tourner définitivement la page d’un conflit qui ensanglante la région depuis trente ans. La protection des civils et la relance économique dans les zones dévastées constitueront les prochains tests décisifs de cette fragile réconciliation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
