Une onde de choc traverse le territoire de Lubero. Depuis jeudi dernier, des combats acharnés opposent la coalition militaire FARDC-UPDF aux miliciens Mai-Mai dans la chefferie de Baswagha. Cette escalade violente provoque un exode massif des populations civiles des villages de Vuyinga et Mabambi, selon des sources locales concordantes.
Des détonations d’armes lourdes ont déclenché une psychose générale. Des centaines de familles ont fui vers la cité de Muhangi et la ville de Butembo. Les routes sont bloquées, compliquant toute évacuation organisée. Un habitant de Vuyinga, sous couvert d’anonymat, décrit une situation désespérée : « Les gens survivent dans les forêts sans abri, sans nourriture. Les téléphones sont éteints faute d’énergie. Cette psychose doit cesser ».
Les affrontements ont repris en intensité samedi 28 juin autour de la localité de Muhola. Des bombardements ciblant les positions des Mai-Mai ont été observés depuis les villages de Vulinda et Ngovole. L’objectif déclaré des forces régulières : déloger les miliciens accusés d’exactions répétées contre les civils. Mais le prix payé par la population dépasse l’entendement.
Le service local de protection civile confirme des déplacements massifs vers Mambira-Centre, Vusamba et Butembo. Des villages entiers se sont vidés de leurs habitants. Les conditions de survie des déplacés atteignent un seuil critique. Aucune structure d’accueil n’existe pour faire face à cet afflux soudain. La faim et l’exposition aux intempéries menacent des vies chaque heure qui passe.
Un appel urgent a été lancé par les communautés riveraines de la route Musingiri-Mabambi. Elles réclament l’établissement immédiat d’un couloir humanitaire. « Laissez libre passage aux habitants pour gagner des zones plus calmes », supplient-elles. Sans accès aux soins ni à l’eau potable, cette crise humanitaire au Nord-Kivu risque de virer au désastre.
Les répercussions économiques se profilent déjà. Le marché de Butembo, vital pour la région, dépend des produits agricoles en provenance de la zone de conflit. Avec les villages désertés et les routes coupées, une pénurie alimentaire menace. Cette spirale infernale pourrait déstabiliser toute la région.
En toile de fond, l’opération conjointe « Shujaa » connaîtrait un élargissement stratégique. Initialement ciblée contre les ADF-MTM, elle inclurait désormais les milices locales comme les Mai-Mai. Cet infléchissement fait suite aux récentes déclarations du général ougandais Muhoozi Kainerugaba. Le chef d’état-major de l’UPDF avait menacé tous les groupes armés refusant de déposer les armes lors de sa visite à Kinshasa.
Les wazalendo, traditionnels alliés occasionnels des FARDC contre le M23, se retrouvent ainsi dans le collimateur. Une évolution confirmée par plusieurs rapports onusiens. La complexité du théâtre sécuritaire congolais semble s’accentuer. Combien de civils devront encore souffrir avant qu’une solution durable n’émerge ?
Les autorités provinciales restent muettes sur les opérations en cours. Aucun bilan officiel des victimes ou des dégâts matériels n’a été communiqué. Pendant ce silence, les déplacés continuent d’affluer vers Butembo. Leur sort dépendra de la rapidité de la réponse humanitaire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd