Dans un cri de détresse adressé directement au chef de l’État, les bourgmestres de la République démocratique du Congo dépeignent une administration locale chaotique où les arriérés salaires communes atteignent désormais trente-deux mois. Cette correspondance officielle, révélatrice d’une crise systémique, soulève une question brûlante : comment les autorités municipales peuvent-elles garantir les services essentiels aux citoyens quand elles-mêmes croupissent dans une précarité autorités municipales aussi profonde ?
Cassilda Kibondo Kininde, bourgmestre de Basoko au Kwilu et porte-voix du caucus, affirme que “aucune autorité municipale n’a perçu de rémunération depuis leur nomination par ordonnance présidentielle”. Son constat est sans appel : “Nous déplorons l’abandon total des entités territoriales décentralisées par le pouvoir central, qui ne sait plus ni les appuyer, ni les accompagner”. Derrière cette dénonciation se cache un drame humain – des pères et mères de famille plongés dans une “précarité déshonorante” malgré leur statut d’agents de l’État.
L’ironie cruelle de cette crise bourgmestres RDC réside dans le paradoxe administratif qu’elle expose. Les numéros matricules délivrés par le ministère de tutelle n’ont été que des leurres, des promesses vaines face à la réalité d’une administration locale chaotique où même les frais de fonctionnement et les primes restent lettre morte. Cette détresse sociale persistante compromet sérieusement la gouvernance de proximité, pourtant présentée comme pilier de la réforme de décentralisation.
Face à ce naufrage institutionnel, les maires congolais brandissent un ultime recours : un appel président salaires impayés. Ils en appellent à l’implication personnelle de Félix Tshisekedi, estimant que seule son intervention directe peut débloquer ce dossier “urgent et crucial pour la stabilité des communes”. Leur requête soulève une interrogation sous-jacente : jusqu’où cette précarité programmée des cadres territoriaux ne mine-t-elle pas la crédibilité même des ambitions décentralisatrices du gouvernement ?
Cette crise des arriérés salaires communes dépasse la simple question comptable pour toucher à l’équilibre politique national. En maintenant les bourgmestres dans une précarité humiliante, le pouvoir central semble avoir démissionné de sa mission régalienne. Les prochains jours révèleront si l’Élysée congolais entendra cet appel désespéré ou si la décomposition administrative continuera de grignoter le tissu municipal. L’enjeu est de taille : préserver ce dernier rempart de l’administration publique avant son effondrement définitif.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net