Le président Félix Tshisekedi a promulgué ce dimanche 29 juin la loi de finances rectificative 2025 après son adoption par le Parlement, marquant un ajustement budgétaire crucial pour la République Démocratique du Congo. Ce collectif budgétaire, présenté en équilibre à 50 791,794 milliards de francs congolais, enregistre une diminution de 861,747 milliards FC (1,7%) par rapport au budget initial. Cette contraction, bien que modérée, reflète une recomposition stratégique des dépenses dans un contexte de crise sécuritaire aiguë.
L’ordonnance présidentielle justifie cette révision par “les effets néfastes de la guerre d’agression” à l’Est du pays, obligeant le gouvernement à opérer des arbitrages douloureux. La réduction du train de vie des institutions et la réallocation des crédits constituent le pivot de cette manœuvre financière. Concrètement, ces mesures permettent de dégager des ressources pour le financement des opérations militaires, la prise en charge des déplacés et l’amélioration des conditions sociales des forces de sécurité. Une question se pose : comment concilier urgence sécuritaire et soutenabilité budgétaire ?
L’équilibre de cette loi finances rectificative 2025 s’appuie significativement sur les appuis extérieurs. La Banque mondiale contribue à hauteur de 665,4 millions de dollars, dont 500 millions étaient anticipés dans le budget initial. Surtout, le nouveau programme avec le FMI, doté de 2,9 milliards USD, injectera sa première tranche de 266,7 millions dès juin 2024. Cet appui budgétaire FMI Congo constitue un ballon d’oxygène pour les caisses de l’État, permettant de combler partiellement le déficit d’investissement tout en respectant les conditionnalités du Fonds.
Les royalties minières RDC ont été au cœur des débats parlementaires, révélant des tensions interministérielles. La Commission Écofin du Sénat a dû trancher un conflit de compétences entre le Portefeuille et les Mines concernant la gestion de 50% des redevances minières attribuées aux entreprises publiques. Le compromis final confère au ministre du Portefeuille le contrôle de ces ressources stratégiques, une décision intégrée à l’article 11 de la loi. Cette clarification était indispensable pour sécuriser les recettes non fiscales dans un secteur minier qui demeure le poumon économique national.
Sur le plan macroéconomique, ce budget RDC ajustement table sur une croissance à 5,3% en 2025, avec une inflation contenue à 8,8% et un taux de change moyen de 2 859 FC pour un dollar. Le PIB nominal est estimé à 2 239 489 milliards FC. Notons une révision à la baisse de la pression fiscale, passant de 15,1% à 12,5%, reflet direct de l’érosion des recettes courantes. Malgré ces contraintes, les priorités sociales demeurent : gratuité de l’enseignement, couverture santé universelle et préservation du pouvoir d’achat.
Ce budget rectificatif s’inscrit dans une logique de rationalisation forcée. La réduction des dépenses institutions n’est pas qu’un ajustement comptable : c’est le symptôme d’une économie sous perfusion des bailleurs internationaux. L’alignement sur les objectifs du programme FMI, combiné aux coupes budgétaires, dessine une trajectoire de consolidation périlleuse. Si les appuis extérieurs permettent d’éviter l’asphyxie immédiate, la diversification économique et l’optimisation des royalties minières restent les seuls véritables leviers d’une autonomie financière durable pour la RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd