Dans un discours remarqué à l’université d’Osaka ce vendredi 27 juin, la Première ministre congolaise Judith Suminwa a dévoilé la feuille de route du gouvernement pour l’autonomisation femmes RDC, sous l’impulsion directe du président Félix Tshisekedi. Face à un parterre académique japonais, elle a méthodiquement articulé les mécanismes mis en œuvre pour transformer le potentiel démographique congolais en moteur économique, insistant particulièrement sur l’entreprenariat jeunes Congo comme pierre angulaire de la relance nationale.
« Statut de la jeunesse et des femmes en RDC, valeurs et signification pour les sociétés africaines et japonaise » : ce thème ambitieux a servi de cadre à une analyse comparative sans concession. Madame Suminwa a souligné avec une précision chirurgicale comment le gouvernement congolais restructure l’écosystème entrepreneurial, notamment par des réformes fiscales ciblées et des incubateurs spécialisés. Ces dispositifs, a-t-elle rappelé, visent à briser le double plafond de verre : celui du genre et celui de l’âge qui entravent l’émergence d’une classe productive dynamique.
La proposition la plus audacieuse reste sans conteste l’appel à la création d’un programme structuré d’échanges universitaires RDC-Japon. La cheffe du gouvernement envisage un partenariat triangulaire articulé autour de trois piliers : le transfert technologique pour les startups jeunes, le mentorat transcontinental pour le leadership féminin, et des modèles innovants de résilience communautaire Afrique face aux chocs climatiques. Une telle architecture, si elle se concrétise, pourrait reconfigurer les relations bilatérales bien au-delà des traditionnels échanges miniers.
Mais derrière l’optimisme affiché perce une critique implicite des inerties structurelles. Quand la Première ministre évoque « les efforts que son gouvernement fournit », n’y a-t-il pas un aveu sous-jacent des résistances bureaucratiques qui entravent ces politiques progressistes ? Son insistance sur la nécessité d’un « changement de paradigme » dans la coopération internationale semble pointer du doigt l’essoufflement des modèles d’aide traditionnels. Le sous-texte est clair : le Japon gagnerait davantage à investir dans l’intelligence collective congolaise qu’à perpétuer une logique d’assistance.
L’audace du discours d’Osaka pose inévitablement la question de sa traduction concrète. Ces beaux principes résisteront-ils au retour sur le terrain congolais, où les dispositifs d’accompagnement butent souvent sur des réalités logistiques cruelles ? La promesse d’autonomisation pourra-t-elle franchir l’écueil des mentalités patriarcales encore ancrées dans certaines strates administratives ? Le prochain test sera l’opérationnalisation rapide des premiers échanges universitaires annoncés : leur mise en œuvre – ou leur retard – deviendra le baromètre de la sincérité réformatrice du gouvernement. Pour Judith Suminwa, dont la crédibilité internationale s’est jouée sur ce plateau nippon, l’heure des comptes a déjà commencé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
