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Corruption RDC : Le cri d’alarme de Kinshasa sur les marchés publics détournés

Un forum multisectoriel organisé vendredi à Kinshasa par l’Organisation Internationale de Droit du Développement (OIDD), en collaboration avec l’Agence de Prévention de Lutte contre la Corruption (APLC) et le PNUD, a dressé un constat accablant sur les effets délétères de la corruption dans la gouvernance des finances publiques et des marchés publics en République Démocratique du Congo. Cette rencontre technique a mis en lumière comment ce fléau systémique entrave le développement national tout en exacerbant la précarité des populations.

Lors de son allocution d’ouverture, Nick Elebe, représentant de l’OIDD en RDC, a déploré avec force le décalage entre le cadre législatif existant et son application effective. « Selon la Banque mondiale, près de 42% des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance ou de malnutrition chronique. Vingt-huit millions de personnes font face à l’insécurité alimentaire aiguë », a-t-il déclaré, établissant un lien causal entre la mauvaise gouvernance et ces tragédies humaines. Reprenant la métaphore du feu Kofi Annan, il a qualifié la corruption de « cancer qui sape les institutions démocratiques » et rappelé que « plus de 60% de Congolais vivent sous le seuil de pauvreté ».

Michel Victor Lessay, coordonnateur de l’APLC, a quant à lui formalisé les mécanismes de déperdition des ressources publiques. Dans une analyse technique implacable, il a identifié plusieurs indicateurs de corruption : « La faible reddition des comptes, le détournement des fonds publics, la manipulation des marchés publics et la non-application des règles financières ». Le responsable a particulièrement insisté sur « l’implication des acteurs politiques et administratifs dans le processus d’acquisition » ainsi que sur le « sous-financement chronique des institutions de contrôle ».

La société civile, représentée par Valery Madianga du Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL), a invoqué les articles 163 et 164 du décret sur la gouvernance budgétaire. Ce cadre juridique offre pourtant une base solide pour la transparence, permettant aux organisations civiles d’exiger des comptes auprès des gestionnaires publics. Le coordonnateur a plaidé pour un renforcement de la répression financière et la protection des lanceurs d’alerte, dénonçant au passage « les multiples intimidations des acteurs étatiques » contre les activistes anticorruption.

Face à ce constat sans concession, Jules Kabangu, chef de projet au PNUD, a présenté la digitalisation comme solution structurante. Son exposé technique a distingué deux phases complémentaires : « L’informatisation, qui consiste à utiliser des outils numériques, et la numérisation, transformation des supports papiers en données exploitables ». Le spécialiste a démontré comment la réduction des contacts physiques dans les procédures de passation de marchés publics via des logiciels dédiés (SIGMAP, GIRAT, SISEC) pourrait limiter les opportunités de corruption tout en optimisant les ressources.

Le forum a abouti à dix recommandations phares qui dessinent une feuille de route exigeante pour les institutions congolaises. Parmi les mesures consensuelles figurent la publication en ligne de tous les marchés publics avec identification des bénéficiaires, la numérisation intégrale des flux financiers avec traçabilité automatique, et l’instauration d’une déclaration obligatoire du patrimoine pour les agents publics. Les participants ont également réclamé le vote urgent d’une loi spéciale anticorruption et d’une législation garantissant l’accès à l’information, condition sine qua non d’un contrôle citoyen effectif.

Comment la RDC pourra-t-elle concrétiser ces ambitieuses réformes dans un contexte institutionnel fragile ? La réponse réside peut-être dans la mutualisation des outils numériques préconisée en clôture des travaux : l’intégration de tous les logiciels de gestion dans une plateforme unique constituerait un progrès décisif vers la transparence. Reste désormais à transformer ces engagements techniques en actions politiques durables.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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