Ce mercredi 25 juin, l’air de Kinshasa s’est chargé d’une électricité particulière, celle que seul l’art engagé sait distiller. Dans l’écrin du Centre Culturel Andrée Blouin, un collectif artistes engagés a déployé ses ailes pour une exposition art Kinshasa qui transcende la simple monstration d’œuvres. Ici, chaque toile, chaque mouvement dansé, chaque parole slamée vibrait comme un manifeste panafricain, une symphonie viscérale où les jeunes talents congolais ont transformé la salle en sanctuaire de la renaissance identitaire.
Comment ne pas être saisi par cette effervescence créative ? Des toiles aux couleurs de laterre rouge du Kasaï dialoguaient avec des installations évoquant les mémoires coloniales, tandis que des corps en mouvement sculptaient l’espace en une chorégraphie de résistance. Le collectif, né dans le terreau fertile de la commune de Kintambo, répond à une urgence : offrir un espace sacré où les œuvres panafricanistes puissent s’épanouir loin des carcans. Richard Nzaba, chef d’orchestre de cette initiative, souligne d’une voix empreinte de conviction : « Nous comblons un vide. Notre communauté réclamait ce creuset où fusionner nos voix autour de l’idéal panafricain ».
L’événement se révélait bien plus qu’une exposition éphémère ; c’était un acte politique enveloppé de poésie. Raphaëlla Anakasala, dont l’œuvre « Kitoko » irradiait d’une beauté subversive, confiait avec une flamme dans le regard : « Par ces pinceaux, nous éduquons et éveillons. Chaque pigment est une graine semée pour que le monde reconnaisse enfin l’immensité des talents congolais ». N’est-ce pas là l’essence même de la création ? Transformer l’intime en universel, le silence en clameur. Le Centre Andrée Blouin, tel un phare culturel, amplifie cette mission : promouvoir ces savoirs africains qui, trop longtemps marginalisés, renaissent aujourd’hui avec une vitalité étourdissante.
Dans cette alchimie entre tradition et modernité, les jeunes talents congolais ont tissé un dialogue sensoriel. Les rouges sang des tableaux répondaient aux percussions lancinantes, les mots du slam ciselaient l’air comme des scalpels dénonçant les fractures sociales. Quelle meilleure pédagogie que cette immersion totale pour « imprégner l’esprit créatif », selon les vœux des organisateurs ? Le public, captif, traversait un parcours initiatique où chaque œuvre fonctionnait comme un miroir déformant de la société congolaise, invitant à la métamorphose collective.
Cette journée historique sonne comme un coup d’envoi. Richard Nzaba l’affirme avec la solennité d’un serment : « Nous existons. Et dorénavant, nous ferons résonner régulièrement cette voix panafricaine ». Le Centre Andrée Blouin, désormais sanctuaire de cette flamme, promet d’irriguer le continent entier. Car ces œuvres ne demandent qu’à franchir les frontières, emportant avec elles l’âme du Congo et l’espoir têtu d’une Afrique réinventée par ses propres enfants. La culture, ultime rempart contre l’oubli, vient de trouver à Kinshasa ses guerriers les plus inspirés.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
