Le président Félix-Antoine Tshisekedi poursuit sa quête de stabilité en tablant sur une alliance inédite. Jeudi 26 juin, le Chef de l’État a reçu la plateforme des confessions religieuses de RDC, dans le cadre des préparatifs du dialogue intercongolais. Une rencontre stratégique qui intervient à peine quatre jours après son entretien avec les émissaires de la CENCO et de l’ECC, porteurs d’un ambitieux rapport sur le pacte social pour la paix. Le Palais de la Nation se transforme-t-il en laboratoire de la réconciliation nationale ?
L’archevêque Évariste Ejiba Yamapia, représentant légal de la plateforme, a souligné la complémentarité de cette initiative interprofessionnelle avec les travaux déjà engagés. Dans une déclaration lourde de sens, il a révélé avoir obtenu l’aval présidentiel pour fusionner les propositions : « Nous devons faire en sorte que la CENCO, l’ECC et nous puissions, avec l’encadrement de la présidence, envisager les modalités de tout mettre ensemble ». Une intégration sous tutelle étatique qui interroge sur l’autonomie des processus religieux.
La délégation, miroir de la diversité cultuelle congolaise, rassemblait l’Église du réveil, la Communauté islamique, les Églises Kimbanguiste, Orthodoxe, Anglicane, Bangunza, Liloba et l’Armée du Salut. Toutes ont unanimement salué les récents efforts diplomatiques de Kinshasa pour identifier les auteurs des agressions contre la RDC. M. Idrys Katenga, président de la CIME, a enfoncé le clou : « Grâce à cette diplomatie agissante, nous connaissons l’identité de ceux qui nous agressent, même s’ils s’appuient sur quelques fils du Congo ». Un avertissement voilé aux forces déstabilisatrices internes.
Ce rapprochement confessionnel survient dans un contexte régional volatile, marqué par des tensions persistantes dans les Grands Lacs. Le 21 juin déjà, Tshisekedi s’était entretenu avec les évêques catholiques et protestants, réceptacles d’un rapport issu de consultations nationales et internationales. L’objectif affiché ? Bâtir un pacte social pérenne pour le bien-vivre ensemble. Mais derrière cette unanimité de façade, des questions cruciales subsistent : cette plateforme religieuse RDC parviendra-t-elle à transcender les clivages historiques ? Le dialogue intercongolais ne risque-t-il pas de se noyer dans la multiplication des initiatives ?
Le président joue décidément gros en misant sur l’unité sacrée des confessions. Si cette fusion pilotée par l’exécutif aboutit, elle pourrait consacrer une nouvelle ère de cohésion sociale. À l’inverse, son échec risquerait d’exposer les limites d’une stratégie reposant sur le capital moral des religieux. Alors que les menaces sécuritaires persistent à l’Est, la réussite de ce pacte social paix apparaît comme un préalable indispensable à toute réconciliation nationale. Prochain enjeu : transformer ces déclarations d’intention en feuille de route opérationnelle avant que le scepticisme ne l’emporte.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net