Un souffle de soulagement parcourt les couloirs des institutions d’enseignement supérieur de Walikale. Ce jeudi 26 juin 2025 marque la fin d’une paralysie d’un mois qui avait frappé l’ISP, l’ISDR et l’ISTM Walikale, plongeant le paysage académique local dans l’incertitude. Comment un système éducatif peut-il fonctionner quand ceux qui en sont les piliers se sentent abandonnés ? La question hante encore les esprits alors que le personnel enseignant et administratif reprend le chemin des auditoires, après cinq longs mois de lutte pour le respect de leurs droits fondamentaux.
À l’origine du conflit, une situation financière intenable : primes et avantages liés aux postes non versés depuis janvier 2025. Imaginez ces professeurs préparant leurs cours sans savoir comment nourrir leur famille, ces administrateurs gérant des établissements sans percevoir leur dû. Leur grève sèche, déclenchée le 26 mai dernier, n’était pas un caprice mais un cri de détresse face à l’accumulation des arriérés de salaires. Une réalité malheureusement trop familière dans le secteur éducatif congolais où la précarité financière des enseignants mine la qualité de l’enseignement.
La reprise des activités académiques aujourd’hui est le fruit d’une intervention tardive mais salutaire du gouvernement congolais. Sans dévoiler les détails des négociations, les sources concordent : les revendications essentielles du personnel ont été entendues. Une régularisation a été opérée, mettant fin à cette suspension des cours supérieurs qui privait la jeunesse de Walikale de son droit à l’éducation. Les salles de classe retrouvent leur animation, mais l’atmosphère reste électrique.
Car derrière ce retour à la normale se cache une autre bataille : la course contre la montre. Les étudiants, premières victimes collatérales de ce conflit, expriment un soulagement teinté d’inquiétude. « Nous avons perdu 30 précieux jours de formation », confie l’un d’eux sous couvert d’anonymat. « La fin de l’année académique approche à grands pas, et nous comptons sur nos enseignants pour tout mettre en œuvre afin de rattraper ce retard ». Une demande légitime qui place les professeurs devant un défi pédagogique supplémentaire, alors même que leur énergie a été siphonnée par des mois de combat administratif.
Cette crise met en lumière les failles structurelles du système éducatif congolais. Pourquoi les salaires des enseignants en RDC restent-ils si souvent pris en otage dans des luttes budgétaires ? Les institutions Walikale servent-elles de révélateur à un malaise national ? Si la reprise des activités académiques est un pas positif, elle ne doit pas occulter les racines du problème. Les enseignants ont montré leur capacité à résister, mais jusqu’à quand devront-ils brandir la menace de la grève pour obtenir ce qui leur est dû ?
Alors que la cloche a retenti dans les auditoires de Walikale, une question cruciale demeure : cette résolution est-elle un pansement temporaire ou l’amorce d’une réforme durable ? La stabilité de notre système éducatif dépendra de la capacité des autorités à transformer cet accord ponctuel en mécanisme pérenne de paiement. Les étudiants, eux, gardent les yeux fixés sur leur calendrier académique, espérant que cette parenthèse douloureuse servira enfin de leçon pour l’avenir de l’éducation dans la région.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd