Comme un océan de passionnés convergeant vers son épicentre, des milliers de visiteurs ont submergé ce vendredi 27 juin 2025 le pavillon congolais de l’Exposition universelle Osaka. Attirés par les pulsations envoûtantes de la rumba congolaise UNESCO, classée patrimoine immatériel depuis 2021, cette marée humaine a dansé jusqu’à l’ivresse, transformant l’espace en un sanctuaire éphémère où les âmes vibraient à l’unisson des cordes nostalgiques de la guitare congolaise.
Dans cette alchimie entre traditions ancestrales et modernité audacieuse, la RDC a déployé l’arc-en-ciel de sa créativité. Entre performances musicales électrisantes et défilés de Sape aux couleurs explosées – cet art vestimentaire où l’élégance devient manifeste politique –, les artistes ont tissé un dialogue inattendu avec le public japonais. Qui aurait cru que les rives du Congo et du Japon pourraient résonner d’une telle harmonie ? Cette journée, placée sous le thème « Une culture vivante, des mémoires éternelles », révélait combien le patrimoine devient passeport diplomatique.
L’émotion a atteint son paroxysme lors de l’hommage solennel à deux monuments disparus. Le Papa Wemba hommage a ressuscité l’éternel « Roi de la Sape » : sur scène, une nouvelle génération a revisité ses mélodies, ces cathédrales sonores où la joie épousait la mélancolie. « Son esprit flotte encore dans nos accordéons », murmurait un musicien, tandis que des costumes flamboyants clamaient que l’élégance congolaise reste une armure contre l’oubli.
Non loin, les sculptures de bronze d’Alfred Liyolo sculpture dressaient leurs silhouettes épurées comme des prières muettes. Dans une scénographie dépouillée, ces œuvres – véritables archives de l’âme nationale – capturaient les lumières d’Osaka. « Chaque courbe de Liyolo est un alphabet de notre mémoire collective », confiait un visiteur ému devant « La Pleureuse », cette figure où la douleur se mue en grâce. L’artiste, disparu mais omniprésent, rappelait par ses métamorphoses du métal que la beauté congolaise naît souvent des cicatrices.
Cette journée fut l’écrin parfait du Made in Congo culturel, démontrant comment la création artistique dépasse les frontières pour devenir langue universelle. Des estampes japonaises dialoguaient avec les toiles de Chéri Samba, tandis que des maîtres batteurs initiaient les visiteurs aux rythmes du lokolé. N’est-ce pas là la preuve que la culture, quand elle pulse authentiquement, peut abolir les distances ?
Alors que le soleil déclinait sur Osaka, la rumba continua de scander sa partition joyeuse. Cette vitrine exceptionnelle aura confirmé le rôle de la RDC comme phare culturel du continent – un pays où l’art ne se contemple pas, mais se vit et se respire. Par-delà les hommages aux géants disparus, c’est toute une nation qui a dansé son avenir.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net