Le Fonds de réparation et d’indemnisation des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO) fait l’objet d’accusations graves de gestion financière opaque et de violation des procédures légales, selon un rapport publié jeudi 26 juin à Kisangani par le mouvement citoyen Filimbi. Intitulé “Réparer les victimes, pas détourner les fonds”, ce document met en lumière des irrégularités substantielles dans la passation d’un marché attribué à l’agence DIVO INTERNATIONAL SARLU pour la réalisation d’un documentaire historique.
Il a été établi que le contrat initial, évalué à 700 000 dollars américains pour une livraison sous deux mois, a finalement donné lieu à un décaissement de 1 million USD après deux versements successifs de 500 000 dollars chacun. Des questions se posent quant à la justification d’une telle augmentation, d’autant que la production n’a été finalisée qu’après six mois de retard, et uniquement suite aux pressions exercées par Filimbi. Comment un tel dépassement budgétaire a-t-il pu être autorisé sans contrôle préalable ?
“Ces décaissements ont été effectués sans transparence ni contrôle clair, avant qu’une régularisation ne soit opérée a posteriori, dans des conditions encore floues”, déplore le rapport de Filimbi, soulignant l’absence de mécanismes de vérification.
La projection du documentaire sur la guerre de six jours à Kisangani s’est tenue la semaine dernière à Kinshasa dans la salle Show Buzz, propriété du responsable de DIVO INTERNATIONAL SARLU. La présence du coordonnateur du FRIVAO, Chançard Bolukola, à cet événement privé alimente les suspicions de conflit d’intérêts. Filimbi dénonce une dérive clientéliste transformant ce projet mémoriel en “exemple frappant de gestion hasardeuse des ressources publiques”.
Face à ce scandale financier en RDC, le mouvement citoyen exige la mise en place immédiate d’un audit indépendant et public. Le rapport insiste sur la nécessité de poursuites judiciaires contre les responsables de potentielles malversations : “Les personnes impliquées dans des actes de corruption, de favoritisme ou de fraude doivent être identifiées et poursuivies devant la justice”. Cette affaire survient alors que le FRIVAO gère 195 millions USD sur les 325 millions accordés par la Cour internationale de justice pour réparer les préjudices des victimes congolaises.
“Ce qui devait être un projet à haute valeur mémorielle se transforme en un exemple frappant de clientélisme et de gestion hasardeuse des ressources publiques”, regrette Filimbi dans son analyse accablante.
Cette alerte fait écho aux précédentes mises en garde du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) concernant les risques de détournement au sein du FRIVAO et du FONAREV. Déjà en mai dernier, le député Flory Mapamboli avait interpellé par écrit le coordonnateur du fonds après avoir reçu des informations sur une gestion qualifiée de “peu orthodoxe”. La crédibilité même de l’institution est désormais en jeu, alors que des doutes persistent sur l’utilisation des fonds destinés aux victimes des conflits.
Dans sa conclusion, Filimbi souligne l’enjeu moral fondamental : “On ne répare pas une mémoire blessée en la manipulant. On ne rend pas justice par la dissimulation”. L’intégrité du FRIVAO nécessite selon l’ONG une refonte profonde pour éviter que ces fonds de réparation ne deviennent un instrument de prédation institutionnalisée. La transparence exigée par la société civile constituera le premier test pour restaurer la confiance dans la gestion des réparations dues aux victimes congolaises.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd