Dans le stade Tata Raphaël transformé en camp de fortune, Marie, mère de trois enfants, se recroqueville sous une bâche trouée. « Depuis les pluies d’avril, nous vivons comme des rats ici. L’eau a tout emporté : nos papiers, nos souvenirs, notre dignité », lâche-t-elle, les yeux rivés sur le sol boueux. Son témoignage résume le calvaire de milliers de Kinois, abandonnés à une précarité insoutenable après les inondations meurtrières qui ont frappé Kinshasa en avril dernier. Face à cette détresse, un rayon d’espoir a pourtant percé les nuages ce jeudi 26 juin.
Répondant à l’appel urgent du Gouverneur Daniel Bumba Lubaki, l’ambassadeur des Émirats Arabes Unis en RDC, le Dr. Anwar Othman Barout al Baroudi, a officiellement remis un chèque de 50 000 dollars américains. Cette aide financière significative vise à soulager les familles entassées dans les sites d’hébergement d’urgence de Tata Raphaël, du Stade des Martyrs et de Kinkole. Comment ignorer l’impact de ces pluies diluviennes en RDC, alors que des enfants jouent encore parmi les décombres ?
La cérémonie de remise, sobre mais chargée d’émotion, a vu la participation du Directeur de cabinet du gouverneur, accompagné du ministre provincial de la Santé. Mais au-delà du symbole, ce geste s’ancre dans une réalité tangible : avant de signer le chèque, l’ambassadeur s’est rendu sur le terrain. Bouleversé par les conditions de vie « profondément précaires » qu’il a observées, il a insisté sur la nécessité d’une solidarité internationale face à l’urgence humanitaire. Les inondations d’avril à Kinshasa ont-elles suffisamment alarmé la communauté mondiale ?
Dans le même élan, une voix locale a amplifié ce mouvement de générosité. Le Révérend Pasteur Diyoka Nsanguluja, représentant légal de l’Église Shekinah, a apporté une contribution multidimensionnelle : un lot conséquent de produits médicaux, des boissons, des couches jetables (Pampers), et un chèque complémentaire de 10 000 dollars. Cette double intervention, internationale et communautaire, met en lumière la vulnérabilité chronique des populations face aux catastrophes naturelles en RDC.
Pourtant, derrière ces dons saluables se cache une amère réalité. Les 60 000 dollars cumulés suffiront-ils à reconstruire des vies brisées ? Les sinistrés de Kinshasa survivent dans des stades surpeuplés, sans accès à l’eau potable ni aux soins de base. Les fonds, bien que nécessaires, ne sont qu’un pansement sur une plaie béante. La vraie question demeure : quand viendra la reconstruction durable des quartiers inondables, pour éviter que chaque saison des pluies ne transforme la capitale en paysage apocalyptique ?
Cette solidarité, aussi vitale soit-elle, doit servir de catalyseur. Les dons des Émirats Arabes Unis et de l’Église Shekinah rappellent que la bataille contre les inondations en RDC se gagne aussi par l’engagement collectif. Mais sans politiques urbaines ambitieuses et une gestion transparente des aides, Kinshasa restera à la merci des prochaines intempéries. Le chemin vers la résilience est encore long, et chaque famille entassée à Tata Raphaël en paie le prix humain quotidien.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd