Lors de la troisième édition d’Africa Tech Invest à Kinshasa ce 25 juin 2025, Séraphin Umba Kapepe, directeur de cabinet du ministre des PTNTIC, a porté un message ambitieux au nom du gouvernement congolais. Devant un parterre d’investisseurs et d’acteurs du numérique, il a déclaré sans ambages : « Je l’affirme ici : la RDC est prête à jouer le rôle de leader régional dans la gouvernance numérique africaine ». Cette proclamation solennelle place la République Démocratique du Congo au cœur des stratégies de transformation technologique du continent.
Le représentant ministériel a lancé un appel pressant aux capitaux privés et aux partenaires financiers, qualifiant le soutien aux techs africaines de « choix stratégique ». « Misez sur des projets à fort impact et accompagnez les start-ups congolaises pour qu’elles répondent aux besoins locaux », a-t-il insisté, soulignant la nécessité d’adapter les solutions technologiques aux réalités des populations. Cette vision s’inscrit dans une politique plus large visant à faire des TIC un pilier transversal de toutes les politiques publiques nationales.
Henri Désiré N’Zouzi, consultant international en TIC, a enrichi le débat en plaidant pour l’indépendance technologique de l’Afrique. Selon lui, le continent doit impérativement renforcer son autonomie numérique face aux puissances extérieures. Pour y parvenir, il a identifié plusieurs leviers cruciaux : établir des partenariats équitables basés sur la transparence, consolider les systèmes fiscaux africains pour réduire la dépendance aux prêts étrangers, et diversifier les économies grâce à l’industrie et au tourisme. L’intégration régionale apparaît comme la clé de voûte de cette émancipation.
Plusieurs panels de haut niveau ont rythmé l’événement, réunissant des dirigeants de l’Autorité de Régulation des Postes et de la Télécommunication (ARPTC), de l’Agence pour le Développement du Numérique, ainsi que des représentants de la primature et des opérateurs télécoms. Les échanges ont particulièrement porté sur l’intégration des services numériques locaux aux infrastructures existantes, l’ouverture des plateformes télécoms aux innovateurs, et les stratégies d’inclusion numérique territoriale. Comment garantir un accès équitable aux données dans un pays aux réalités géographiques si contrastées ?
Les barrières à l’investissement tech en Afrique ont fait l’objet d’analyses approfondies. Les participants ont pointé du doigt les obstacles juridiques persistants, le manque d’accompagnement des porteurs de projets, et la sous-valorisation chronique des propriétés intellectuelles africaines. Les enjeux émergents comme l’intelligence artificielle ont également été abordés, soulignant l’urgence d’un cadre réglementaire adapté. Tous s’accordent sur un impératif : seule une collaboration numérique renforcée entre États africains permettra de construire un écosystème solide, capable d’attirer les financements nécessaires.
Africa Tech Invest aspire manifestement à devenir le carrefour technologique incontournable de l’Afrique centrale, sur le modèle des grands rendez-vous mondiaux comme VivaTech ou le CES. En fédérant décideurs publics, investisseurs, start-ups et régulateurs, cette plateforme pourrait effectivement catalyser l’émergence d’une gouvernance numérique RDC ambitieuse. Reste à transformer ces déclarations en actions concrètes pour que Kinshasa devienne véritablement le hub technologique qu’elle appelle de ses vœux.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
