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RDC : L’Exclusion Brutale des Veuves, un Crime Social Silencieux

« Ils m’ont chassée de la maison avec mes cinq enfants. On nous a traités de sorciers, on nous a dit que nous avions tué mon mari. » La voix de Madeleine Kayisato se brise encore, treize ans après l’accident de route qui lui a arraché son époux à Kinshasa. Comme des milliers de veuves en RDC, son deuil s’est transformé en une lutte quotidienne contre l’exclusion et la précarité.

Après les funérailles, sa belle-famille l’accuse d’être responsable du décès. Expulsée du foyer conjugal, elle se réfugie chez sa sœur, contrainte de cumuler des ménages pour nourrir sa famille. « Je n’ai pas baissé les bras. J’ai tout fait pour que mes enfants aient une chance », confie cette résiliente, désormais installée dans une modeste maison à Mont Ngafula. Mais pourquoi les veuves congolaises doivent-elles toujours combattre pour leur dignité après le drame ?

Sarah Wali, juriste à l’ONG Voix de Femmes, tire la sonnette d’alarme : « Le cas de Madeleine reflète une réalité systémique. La violation des droits d’héritage des femmes en RDC est une plaie ouverte. » Selon elle, les traditions coutumières écrasent systématiquement les droits légaux des veuves au Congo. Spoliations immobilières, accusations fantaisistes et rejet social deviennent leur lot commun, plongeant des familles entières dans une précarité indigne.

À l’occasion de la Journée internationale des veuves ce 23 juin, les défenseurs des droits pointent l’inaction des autorités. « L’État doit garantir la protection juridique des veuves par des sanctions fermes contre les spoliations », exige Sarah Wali. Elle réclame des mécanismes concrets : microcrédits pour l’autonomie économique, formations professionnelles et soutien psychologique. Car derrière chaque exclusion, ce sont des enfants condamnés à la rue et des femmes brisées par un double deuil – celui de leur conjoint et de leur place dans la société.

Madeleine, elle, résume son combat d’une voix ferme : « Nous ne cherchons pas la pitié, mais la dignité. » Pourtant, combien de veuves congolaises continuent de subir ce cycle infernal sans recours ? La réponse des pouvoirs publics reste timide, alors que le droit congolais prévoit clairement l’héritage pour les épouses. Jusqu’à quand tolérera-t-on que le veuvage rime avec dépossession ? L’urgence est là : intégrer la protection des veuves dans les politiques sociales n’est pas une option, mais un impératif de justice humaine.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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