La coordination urbaine de la société civile de Butembo a rendu public, ce lundi 23 juin, un rapport accablant documentant des pratiques de corruption systémique au sein de la prison centrale de Kakwangura. Selon les données recueillies entre le 1er mai et le 15 juin 2025, des agents pénitentiaires imposeraient illégalement aux familles des détenus des frais oscillant entre 1 000 et 3 000 francs congolais pour autoriser l’accès à leurs proches incarcérés. Cette exigence financière, qualifiée de barrière inique par les observateurs, frappe de plein fouet des foyers déjà en proie à une vulnérabilité économique aiguë.
Cette situation constitue une violation manifeste des droits fondamentaux des prisonniers, tel que le droit à des visites sociales garantissant le maintien des liens familiaux. Comment justifier de tels agissements dans un État de droit ? Pour la société civile locale, ce système de monnayage perpétue un cycle d’exclusion sociale et contribue à une détresse psychologique croissante parmi la population carcérale du Nord-Kivu. Mathe Saanane, président de la société civile de Butembo, a déclaré sans ambages : Des frais sont en train d’être exigés indûment par certains agents pénitenciers […] une pratique qui constitue la violation flagrante des droits des détenus. C’est aussi un phénomène qui aggrave la marginalisation des détenus économiquement faibles et crée un climat de corruption puis d’humiliation permanente
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Face à ces abus pénitenciers documentés, un appel pressant a été lancé aux autorités compétentes. La société civile exige du maire de Butembo la mise en œuvre immédiate de mesures administratives contraignantes pour éradiquer ces pratiques frauduleuses. Parmi les recommandations formulées figurent l’instauration d’un mécanisme de surveillance indépendant des conditions de détention, la tenue de rapports réguliers sur le traitement des détenus, et l’ouverture d’une enquête judiciaire par l’auditeur militaire de garnison. Parallèlement, il est demandé aux services gestionnaires du personnel pénitentiaire de procéder à la relève immédiate des agents suspectés de corruption et d’organiser des formations continues sur l’éthique professionnelle.
La population est également interpellée : un appel solennel a été adressé aux familles pour qu’elles cessent de s’acquitter de ces frais illicites, tant à Kakwangura que dans les cachots municipaux. En l’absence de réaction tangible des autorités, la société civile a annoncé le déclenchement prochain d’actions citoyennes de mobilisation. À ce stade, aucune réponse n’a été formulée par la direction de la prison centrale de Kakwangura ni par les services de sécurité incriminés. Cette omerta institutionnelle nourrit l’inquiétude quant à la pérennisation d’un climat de corruption prison Butembo qui bafoue quotidiennement les droits prisonniers RDC.
Les implications de ces révélations dépassent le simple cadre local : elles interrogent l’effectivité des mécanismes de protection des droits de l’homme dans l’ensemble du système pénitentiaire congolais. L’incapacité persistante à contrôler les frais visites détenus dans des établissements comme Kakwangura risque d’entacher durablement la crédibilité des réformes judiciaires en cours. Les abus pénitencier Nord-Kivu, s’ils ne font l’objet d’une répression ferme, pourraient engendrer une défiance irréversible des citoyens envers les institutions. Qu’attendent donc les responsables pour agir ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd