Le Cadre d’Appui et de Promotion de l’Artisanat Minier (CAMI) a lancé un appel d’offres sans pré-qualification pour l’acquisition de 28 véhicules destinés à renforcer ses opérations de terrain. Cette procédure accélérée, révélée dans un document officiel consulté par CongoQuotidien, fixe au 14 juin 2024 la date limite de dépôt des soumissions. Une initiative qui soulève des questions sur l’urgence des besoins logistiques dans un secteur minier artisanal souvent qualifié de « colonne vertébrale » de l’économie informelle congolaise.
Le marché public couvre plusieurs types de véhicules spécialisés : 10 SUV 4×4, 10 pick-ups double cabine, 5 véhicules de transport léger et 3 motos tout-terrain. Ces équipements doivent répondre à des spécifications techniques strictes, notamment une capacité de franchissement adaptée aux routes minérales du Katanga et de l’Ituri. Comment cette flotte renforcera-t-elle le contrôle des sites d’exploitation artisanale ? Les observateurs voient dans cet investissement un levier essentiel pour moderniser la surveillance des zones reculées, où la mobilité conditionne l’efficacité des missions régulatrices.
La procédure sans pré-qualification constitue une particularité notable de ce marché public CAMI RDC. Elle permet à tout fournisseur répondant aux critères techniques de soumettre une offre, contournant ainsi l’étape habituelle de présélection. Cette accélération administrative interroge sur les impératifs opérationnels du CAMI. Certains experts y perçoivent une réponse à l’urgence de remplacer un parc automobile vieillissant, tandis que d’autres soulignent les risques de compétition inégale entre grossistes internationaux et fournisseurs locaux.
L’enveloppe financière n’a pas été divulguée publiquement, mais des sources internes évoquent un budget dépassant le million de dollars américains. Les soumissionnaires doivent fournir des échantillons, des fiches techniques détaillées et des garanties de disponibilité immédiate. Une clause exige même que les véhicules soient « prêts à fonctionner dans des conditions climatiques extrêmes », reflétant les défis logistiques du terrain minier congolais.
Cet appel d’offres survient dans un contexte de réforme accélérée du secteur artisanal. Le CAMI, créé pour encadrer près de deux millions de creuseurs indépendants, a vu ses responsabilités s’élargir avec la lutte contre les minerais de conflit. La future flotte pourrait significativement améliorer la collecte de données et les contrôles inopinés. « Un véhicule tout-terrain est le premier outil de traçabilité dans les zones reculées », explique un ingénieur minier sous couvert d’anonymat.
Les retombées économiques potentielles dépassent la simple transaction commerciale. Ce cami appel d’offres véhicules pourrait dynamiser les concessionnaires automobiles locaux et créer des emplois dans la maintenance spécialisée. Cependant, la transparence du processus restera un enjeu crucial. La publication tardive de l’avis – à peine trois semaines avant l’échéance – suscite déjà des interrogations parmi les associations de surveillance des marchés publics.
À moyen terme, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie plus large de professionnalisation du secteur. Le CAMI prévoit d’étendre ses antennes provinciales d’ici 2025, nécessitant une logistique renforcée. Si ce marché public répond à des besoins immédiats, il ouvre aussi la voie à des commandes futures. Les lauréats de cet appel d’offres sans pré-qualification pourraient ainsi se positionner comme fournisseurs privilégiés pour d’autres acquisitions stratégiques dans le secteur minier congolais.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
