Dans les aires de santé de Tchabi, Bwakadi et Busio, au sud du territoire d’Irumu, un geste humanitaire soulage temporairement la détresse. « Ces casseroles et couvertures, c’est notre premier réconfort depuis des mois », confie une mère de famille, les mains serrées sur son bidon d’eau. Comme elle, environ 10 000 personnes déplacées reçoivent depuis deux jours des articles ménagers essentiels distribués par l’ONG Programme de promotion des soins de santé (PPSSP), dans le cadre de son projet Réponse rapide.
Trésor Muyumba, chargé de communication du PPSSP, précise que cette aide vise à améliorer les conditions de vie des victimes des violences armées. « Ces personnes ont tout perdu en fuyant. Chaque famille reçoit un kit complet : casseroles, gobelets, nattes, couvertures, kits d’hygiène féminine et moustiquaires imprégnées pour lutter contre le paludisme », détaille-t-il. Cette assistance humanitaire au Congo répond à une urgence criante dans une région où les déplacés de l’Ituri survivent souvent sous des abris de fortune.
Pourtant, derrière ce soulagement apparent, une angoisse plus profonde persiste. Comment ces familles peuvent-elles préparer des repas dans leurs nouvelles casseroles quand leurs greniers sont vides ? « Nous avons reçu des ustensiles, mais rien à mettre dedans », lance un vieil homme aux yeux creusés par la faim. L’accès aux champs reste impossible pour la plupart, les zones agricoles étant toujours contrôlées ou menacées par des groupes armés tapis dans la forêt. Cette crise alimentaire dans l’Ituri transforme l’aide ménagère en symbole cruel d’une assistance incomplète.
Avec plus de 1,5 million de personnes déplacées internes selon les dernières estimations, la province de l’Ituri illustre l’ampleur de la catastrophe humanitaire en RDC. Des milliers de familles vivent dans une précarité extrême, dépendant entièrement de l’aide extérieure. Le PPSSP, par son action concrète, tente de colmater les brèches les plus urgentes. Mais cette distribution, aussi vitale soit-elle, ne résout pas le problème fondamental : la sécurité nécessaire pour un retour durable dans les villages d’origine.
La situation des déplacés en Ituri pose des questions plus larges sur notre capacité collective à protéger les vulnérables. Jusqu’à quand ces populations devront-elles mendier leur survie au milieu des conflits ? L’assistance matérielle immédiate est cruciale, mais elle ne doit pas masquer l’urgence d’une solution politique et sécuritaire. Sans accès à leurs terres et sans paix durable, ces 10 000 bénéficiaires, comme des centaines de milliers d’autres personnes déplacées en RDC, resteront prisonniers d’une crise sans fin où l’aide humanitaire ne sera qu’un baume temporaire sur une blessure béante.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net