Dans un contexte où l’évasion fiscale en RDC grève significativement les finances publiques, le ministre des Finances Doudou Fwamba a dévoilé un dispositif stratégique lors d’échanges cruciaux avec le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales. La création imminente d’une Unité d’échange international de renseignements fiscaux constitue une réponse structurelle pour endiguer les flux financiers illicites, estimés à des centaines de millions de dollars annuels.
Cette initiative, qualifiée de « levier clé » par le ministre, intervient alors que la République démocratique du Congo se prépare à une évaluation par les pairs en 2026. Comment cette unité transformera-t-elle la gouvernance fiscale congolaise ? Premièrement, elle permettra un accès sécurisé aux données financières transnationales, comblant ainsi les failles exploitées par les multinationales et grands contribuables pour soustraire des recettes publiques au Congo. Mme Zayda Manatta, cheffe du Secrétariat du Forum mondial, a salué cette avancée comme « un vecteur essentiel de génération de ressources supplémentaires ».
Lors des consultations techniques qui se poursuivent jusqu’au 25 juin à Kinshasa, les modalités opérationnelles de cette unité ont été précisées. Elle fonctionnera comme un mécanisme centralisé d’analyse des transactions suspectes, s’appuyant sur les standards internationaux du Forum mondial transparence fiscale. Pour la RDC, fraîchement membre depuis décembre 2023, ce partenariat symbolise un bond dans la modernisation de son administration fiscale. Doudou Fwamba y voit l’opportunité de « rééquilibrer la pression fiscale » tout en optimisant les recettes nationales.
Les implications économiques sont tangibles : une réduction de seulement 10% de l’évasion fiscale en RDC pourrait injecter plusieurs dizaines de millions de dollars dans le budget de l’État. Ces fonds manquants paralysent actuellement le financement des services publics essentiels. L’unité agira tel un « système immunitaire » contre les saignées financières, selon une métaphore employée par les experts présents. Sa mise en œuvre effective avant 2026 conditionnera non seulement la réussite de l’évaluation internationale, mais aussi la crédibilité du pays auprès des investisseurs.
Le ministère des Finances souligne que ce dispositif s’inscrit dans une refonte globale visant à contrer les flux illicites qui « freinent le développement du pays ». Dans un secteur minier où les opacités persistent, cet outil offrira une traçabilité renforcée des revenus extractifs. Mme Manatta a insisté sur l’impératif de sensibilisation des autorités congolaises aux bénéfices concrets de cette coopération : chaque dollar récupéré grâce à l’échange de renseignements fiscaux pourra être réinvesti dans les infrastructures ou la santé.
À l’horizon 2026, cette unité pourrait ainsi devenir la pierre angulaire d’une fiscalité plus équitable. Son efficacité dépendra cependant de moyens humains et technologiques adaptés – un défi que la RDC devra relever avec l’appui technique continu du Forum mondial. La transparence fiscale n’est-elle pas l’unique rempart contre la sape des économies africaines ? Pour Kinshasa, la réponse passe désormais par la concrétisation rapide de cette architecture novatrice.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net