Des nappes d’hydrocarbures visqueuses souillent les plages, des filets de pêche maculés de noir témoignent silencieusement du drame : à Muanda, la pollution pétrolière atteint un stade critique. Lundi 23 juin, cette réalité amère a poussé le Cadre d’acteurs et d’actions pour le développement durable (CAADD) à organiser un rassemblement citoyen explosif sur les sites mêmes où l’écosystème marin agonise sous les effets de l’or noir.
Des étudiants en colère et des pêcheurs désemparés, les mains encore tachées de résidus pétroliers, ont transformé les zones contaminées en tribunal symbolique. Alphonse Khonde, coordonnateur du CAADD, a lancé un cri d’alarme glaçant : “Notre patrimoine naturel se meurt, nos écosystèmes marins suffoquent. Ce que subit Muanda chaque jour est un écocide qui ne peut plus rester impuni !” Cette mobilisation s’inscrit dans la semaine d’action internationale “Notre terre sans pétrole”, un mouvement global contre la folie extractiviste.
Les conséquences environnementales sont déjà un cauchemar palpable. La pollution pétrolière à Muanda a laminé la biodiversité, asphyxié les fonds marins et empoisonné les ressources halieutiques. La pêche artisanale, pilier économique du Kongo Central, est au bord de l’effondrement. Combien de générations devront encore payer le prix de cette contamination ?
Face à ce désastre, le CAADD environnement exige un virage radical : l’abandon immédiat de tout nouveau projet pétrolier et une transition énergétique responsable en RDC. Les manifestants réclament des alternatives concrètes : valoriser la pêche artisanale durable, développer un tourisme écologique respectueux du littoral, et investir massivement dans les énergies renouvelables. Pourquoi persister dans un modèle mortifère quand des solutions propres existent ?
Cette protestation pétrole sonne comme un ultimatum au gouvernement congolais. La population de Muanda refuse désormais d’être la victime silencieuse d’une exploitation sauvage. La balle est dans le camp des autorités : continuer à servir les intérêts des compagnies pétrolières ou enfin écouter le cri de détresse d’une région sacrifiée. L’heure n’est plus aux compromis mais à l’action décisive pour sauver ce qui peut encore l’être avant que le Kongo Central ne devienne un désert écologique irrémédiable.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net