La province du Kwilu traverse une crise sanitaire silencieuse mais dévastatrice : les établissements de santé fonctionnent sans médicaments essentiels ni matériel médical de base, réduisant à néant la politique de gratuité des soins de maternité. Ce constat alarmant a été dressé par l’Union nationale des infirmières et infirmiers du Congo (UNNIC)/Kwilu, dévoilant une situation où femmes enceintes et nouveau-nés paient le prix fort d’un système de santé asphyxié.
Comment parler de gratuité quand les femmes doivent acheter leurs propres médicaments pour accoucher ? Comment exercer cette gratuité quand il manque l’essentiel – seringues, gants, ou même des analgésiques ? La question, posée par Huguette Pumbu, secrétaire exécutive provinciale de l’UNNIC/Kwilu, résonne comme un cri du cœur dans les couloirs vides de l’hôpital général de référence de Bandundu. “Les actes sont gratuits sur papier, mais dans la réalité, les femmes paient pour tout : les compresses, les antidouleurs, même les gants pour l’accouchement”, explique-t-elle, décrivant un système en mode survie.
Cette pénurie médicaments au Kwilu n’est que la partie visible d’un iceberg de négligence. Le personnel soignant, héroïque dans son dévouement, travaille dans des conditions indignes : salaires de misère (1.000 à 3.000 francs congolais par mois, soit moins de 1,5$), absence de primes promises, et surtout, l’impuissance face à des patients qu’ils ne peuvent soigner correctement. “Un infirmier qui a faim peut-il vraiment sauver des vies ?”, interroge la syndicaliste, soulignant l’absurdité d’exiger la gratuité sans fournir les moyens de l’appliquer.
Les conséquences sont palpables : des consultations sans traitement, des accouchements dans des conditions hygiéniques précaires, et une défiance croissante des populations envers des structures sanitaires fantômes. Cette crise sanitaire Kwilu illustre le fossé entre les promesses politiques et la réalité terrain. La gratuité maternité en RDC, si vitale pour réduire la mortalité infantile et maternelle, devient un leurre quand les centres de santé ressemblent à des coquilles vides.
Face à cette urgence, l’UNNIC lance un appel pressant au gouvernement central : doter d’urgence les hôpitaux en intrants médicaux, appliquer réellement le régime de gratuité, et revaloriser immédiatement les conditions des infirmiers RDC. Car sans médicaments, sans matériel, et sans personnel motivé, comment bâtir un système de santé viable ? La réponse à cette question déterminera l’avenir sanitaire de toute une province au bord de l’implosion.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net