Une onde de choc traverse le système de santé congolais : la province du Maniema affronte depuis janvier 2025 une flambée épidémique de choléra d’une ampleur inquiétante. Les chiffres officiels communiqués ce mardi 24 juin par le Dr Placide Welo Okitayemba, directeur du Programme national d’élimination du choléra, font état de 3 304 cas confirmés et de 120 décès. Ces données placent le Maniema sous le feu des projecteurs sanitaires nationaux, révélant une crise qui exige une réponse immédiate et coordonnée.
Comment cette maladie, pourtant évitable, a-t-elle pu regagner du terrain avec une telle virulence ? Le choléra, infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés, se propage comme une traînée de poudre dans les zones dépourvues d’assainissement adéquat. Ses symptômes initiaux – diarrhée aqueuse et vomissements – peuvent évoluer en quelques heures vers une déshydratation sévère mortelle sans traitement rapide. Pire encore, un seul malade non pris en charge peut contaminer toute une communauté via les sources hydriques, transformant les rivières et puits en vecteurs invisibles de mort.
Face à cette urgence sanitaire dans le Maniema, le Dr Welo a détaillé une stratégie de riposte en trois volets. D’abord, des formations intensives seront déployées pour les équipes médicales provinciales, en particulier dans les zones de santé de Kindu et Alunguli, épicentres de l’épidémie. Ensuite, des brigades spécialisées effectueront un « cadrillage » minutieux des quartiers les plus touchés : du porte-à-porte pour sensibiliser aux gestes barrières comme le lavage des mains au savon ou la désinfection des points d’eau. Enfin, un pont aérien via Service Air est en préparation pour acheminer en urgence des intrants médicaux : solutés de réhydratation, antibiotiques et kits de dépistage rapide.
« Nous sommes engagés dans une course contre la montre », a insisté le directeur du Programme élimination choléra, comparant la situation à un incendie nécessitant une extinction rapide avant qu’il ne gagne les provinces voisines. Mais cette course se heurte à des défis structurels profonds. Seulement 30% des populations rurales du Maniema auraient accès à l’eau potable selon les derniers rapports, tandis que les centres de santé manquent cruellement de lits d’isolement et de personnel formé. Un terreau idéal pour la bactérie Vibrio cholerae qui prospère dans la précarité hydrique.
Cette épidémie choléra Maniema 2025 rappelle douloureusement que la maladie reste endémique en RDC, où près de 20 000 cas sont recensés annuellement. Pourtant, des solutions existent. L’OMS estime qu’une couverture vaccinale orale à 60% combinée à l’accès à l’eau potable pourrait briser les chaînes de transmission en six mois. Alors que les équipes se déploient sur le terrain, chaque citoyen peut contribuer à cette bataille : en faisant bouillir l’eau de consommation, en désinfectant les latrines, et en conduisant immédiatement tout cas suspect vers un centre de santé. Car comme le soulignent les épidémiologistes : dans la guerre contre le choléra, la prévention collective reste notre arme la plus puissante.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net