Dans l’ombre des murs décrépis de la prison centrale de Mambasa, une réalité glaçante attendait la délégation du Parlement des jeunes de l’Ituri ce lundi 23 juin. Ce qu’ils y ont découvert dépasse l’entendement : des corps entassés sur le sol nu, l’odeur âcre des sanitaires inexistants, et le regard vide de détenus affamés. « Comment peut-on appeler cela une prison ? C’est une chambre de torture quotidienne », s’indigne Gloire Abasi, porte-parole du groupe, la voix tremblante d’une colère contenue.
Le rapport accablant dresse un tableau apocalyptique : 450 âmes, dont une écrasante majorité de jeunes et une mineure en détention préventive, survivent dans des conditions contraires à toute dignité humaine. Pas de lits – seulement la terre battue pour oreiller. Pas de latrines fonctionnelles – juste des recoins nauséabonds où se mêlent excréments et désespoir. Et cette faim, cette faim tenace qui ronge les ventres depuis des mois, faute de rations alimentaires suffisantes.
« Chaque détenu ici est une preuve vivante de notre échec collectif », poursuit Abasi, dont le témoignage audio révèle l’urgence de la situation. L’alerte carcérale lancée par ces jeunes leaders résonne comme un électrochoc dans la région de l’Ituri, déjà meurtrie par des conflits armés. Leur constat est sans appel : les infrastructures sont un champ de ruines, l’hygiène une notion oubliée, et la promesse constitutionnelle de traitement humain réduite à un mensonge d’État.
Derrière les barreaux rouillés de la prison Mambasa, ce sont des adolescents qui paient le prix fort d’un système judiciaire paralysé. Combien parmi ces jeunes détenus purgent-ils des préventives interminables sans jugement ? La question hante les membres du parlement jeunes Ituri, qui rappellent qu’en RDC, la détention devrait être l’exception, non la règle. « Quand un enfant dort dans ses propres excréments par manque de toilettes, quel espoir reste-t-il pour notre justice ? », interroge amèrement un visiteur.
Cette descente aux enfers pose une interrogation brûlante : pourquoi les autorités provinciales et nationales ferment-elles les yeux sur ce drame silencieux ? Les conditions détention Ituri reflètent un mépris systémique pour les droits fondamentaux. Alors que les prisons congolaises affichent un taux de surpopulation avoisinant les 300%, Mambasa devient le symbole d’une machine carcérale broyeuse d’humanité. Les détenus RDC sont-ils condamnés à n’être que des numéros jetables ?
L’appel du Parlement des jeunes est clair : le gouvernement doit immédiatement allouer des moyens pour l’eau potable, les matelas, les soins médicaux et des rations dignes de ce nom. Mais au-delà de l’urgence humanitaire, c’est tout le modèle pénitentiaire congolais qui doit être repensé. Car une société se juge à la façon dont elle traite ses prisonniers. Et aujourd’hui, à Mambasa, la République démocratique du Congo échoue ce test élémentaire de civilisation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net