Une lourde obscurité s’est abattue sur le groupement Utunda ce samedi soir, lorsque les eaux tumultueuses de la rivière Osso ont englouti cinq vies. « Nous entendons encore les cris des familles éplorées le long des berges », confie, la voix nouée, Bitashimwa Shemwiso, secrétaire administratif du groupement. Cette naufrage pirogue Utunda survenu aux alentours de 18h plonge toute la région de Walikale dans le deuil.
Selon des témoins, les victimes – trois hommes et deux femmes – effectuaient la traversée quotidienne entre les sites miniers de Kalay et Baninga, séparés par cette artère fluviale capricieuse. L’accident rivière Osso serait survenu brusquement, sans signe avant-coureur. « La pirogue a chaviré comme si un esprit des eaux l’avait saisie », raconte un pêcheur local sous couvert d’anonymat, soulignant les courants traîtres de ce secteur.
La nouvelle de cette noyade Walikale a circulé comme une traînée de poudre, révélant une amère réalité : ces traversées périlleuses sont le lot quotidien des travailleurs miniers. Comment expliquer qu’en 2024, des communautés entières dépendent encore de frêles embarcations sans équipements de sécurité ? Les victimes, identifiées comme des creuseurs artisanaux, illustrent le prix humain caché derrière l’exploitation aurifère. Ces morts site minier Kalay rappellent cruellement l’isolement des zones d’extraction.
Les recherches menées toute la nuit par les jeunes du village, armés de torches et de pirogues rudimentaires, sont restées vaines. « Les corps pourraient avoir été entraînés vers les rapides en aval », déplore Shemwiso, tandis que les familles scrutent le fleuve avec une angoisse palpable. Cette tragédie Nord-Kivu soulève des questions brûlantes sur l’absence d’infrastructures sécurisées dans les territoires miniers.
Derrière le drame individuel, c’est un système entier qui vacille. Les autorités locales promettent une enquête, mais les habitants d’Utunda attendent plus que des paroles. « Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant qu’un pont ne relie enfin Baninga à Kalay ? », interroge amèrement une commerçante rencontrée sur les berges boueuses. Cette catastrophe met en lumière la vulnérabilité des populations riveraines, contraintes de braver les éléments pour survivre.
Alors que le Nord-Kivu pleure cinq de ses enfants, la rivière Osso charrie désormais des souvenirs douloureux. Cette tragédie n’est pas seulement un accident : c’est le symptôme d’un abandon territorial qui transforme les cours d’eau en passages obligés et mortels. Tant que la sécurisation des transports fluviaux restera lettre morte, l’ombre des naufrages planera sur Walikale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
