Dans l’enceinte majestueuse du Parlement canadien, où se tissent habituellement les lois d’une nation, c’est une autre forme de législation silencieuse qui s’est imposée ce 20 juin 2025. Sous les voûtes chargées d’histoire, Myrthe Ekuba, architecte d’esthétiques hybrides, a vu son œuvre couronnée du Prix Congo Excellence. Une consécration qui dépasse la simple récompense individuelle pour devenir le manifeste vibrant d’une culture afro-moderne désormais incontournable.
L’atmosphère était électrique, saturée d’un mélange d’émotion et de fierté collective. Entre les murs de pierre habitués aux débats politiques, défilait ce soir-là une autre forme de diplomatie : celle des tissus qui chantent les racines congolaises tout en épousant les silhouettes contemporaines. La fondatrice de Nkentoo plateforme, telle une prêtresse du style, a reçu son trophée sous le regard bienveillant de parlementaires, universitaires et leaders communautaires. Qui aurait cru qu’un défilé de mode deviendrait un manifeste politique ?
Derrière cette distinction se cache une révolution silencieuse. Myrthe Ekuba ne se contente pas de vêtir les corps ; elle habille les âmes. Chaque création issue de Nkentoo est un pont jeté entre Kinshasa et Montréal, entre tradition et avant-garde. Sa vision ? Une Afrique qui s’assume sans complexe dans le miroir global. Sa plateforme est devenue ce laboratoire où se croisent designers inspirés, musiciens envoûtants et penseurs visionnaires, formant ainsi le nouveau Panthéon de la diaspora congolaise.
Le choix du Parlement comme écrin pour cette 2e édition des Prix Congo Excellence n’est pas anodin. Initié par Yvette Ashiri Yende, l’événement a transformé les bancs législatifs en podium symbolique. En honorant Ekuba dans la catégorie Culture, c’est toute une génération que l’on consacre. Une génération qui refuse de choisir entre ses racines et ses ailes, tissant sa modernité dans le métier à tisser de la mémoire. Le message est clair : les cultures africaines ne peuplent plus les marges mais irriguent désormais le cœur des sociétés occidentales.
Cette édition « spéciale Genocost » portait en elle une charge historique supplémentaire. Quand Emmanuella Zandi de FONAREV recevait le prix éponyme pour son combat mémoriel, un frisson parcourait l’assistance. Chaque récompense devenait alors un acte de résilience collective. La présence remarquée d’Olivier Ntumba, député fédéral d’origine congolaise, ajoutait à cette symbolique : le politique et le culturel dialoguant enfin d’égal à égal.
Que reste-t-il après les lumières de la cérémonie ? Bien plus qu’un trophée. Nkentoo désormais n’est plus simplement une marque mais un vocable inscrit au lexique de la reconnaissance culturelle. Dans chaque broderie conçue par Ekuba, on lit désormais la trame d’une révolution : celle où le pagne devient déclaration d’existence, où le wax se fait manifeste. La mode, par la grâce de cette récompense diaspora congolaise, s’érige en langage politique – un outil de réparation identitaire qui habille les plaies et pare l’avenir de couleurs audacieuses.
Alors que les projecteurs s’éteignent sur Ottawa, une lumière persiste : celle allumée par cette reconnaissance institutionnelle. Elle éclaire la voie pour les créateurs afro-descendants, prouvant que les frontières esthétiques tombent quand les cultures dialoguent sans hiérarchie. Le Prix Congo Excellence n’a pas seulement sacré une artiste ; il a intronisé une nouvelle ère où la culture congolaise, portée par des ambassadrices comme Myrthe Ekuba, écrit désormais sa propre légende dans le grand livre du patrimoine mondial.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc