Les populations du territoire de Bafwasende, en province de la Tshopo, subissent des tracasseries militaires systématiques. Des barrières illégales ont été érigées sur plusieurs axes routiers, notamment aux abords d’Opienge. Des soldats identifiés comme appartenant à l’unité Jungle RDC imposent des taxes abusives aux civils, créant un climat d’insécurité à Bafwasende.
Selon Alexis Bwanandeke, président de la société civile locale, la première barrière militaire apparaît dès 2 kilomètres de l’entrée d’Opienge. Les contrôles y sont drastiques. Les militaires exigent 16 000 francs congolais par cycliste et 5 000 FC pour chaque piéton. En échange, un jeton insignifiant est remis comme prétendue justification. Ces taxes illicites à Bafwasende frappent particulièrement les agriculteurs locaux.
D’autres points de contrôle militaires sont signalés à Babomongo, Ndangba, Balobe et Angama. Face à la précarité des populations, les montants seraient parfois réduits à 2 000 FC pour les piétons. Mais cette modération apparente ne masque pas l’illégalité du système. « Quand la population vit dans cette situation, c’est comme ici elle n’est plus au Congo », a déclaré Bwanandeke, exprimant l’exaspération générale.
L’administrateur du territoire Willy Simbiye reconnaît officiellement des « tracasseries à grande échelle ». Il affirme avoir alerté les autorités politico-militaires supérieures. Pourtant, dans l’immédiat, son conseil aux citoyens reste surprenant : supporter ces exactions et « améliorer la cohabitation pacifique avec les militaires ». Une position qui contraste avec son propre rappel à l’ordre : « La discipline est la mère des armées. Nous demandons à leur hiérarchie de remonter la morale des militaires ».
Cette crise des barrières militaires à Opienge survient dans un contexte sécuritaire déjà tendu. Bafwasende constitue une porte d’entrée stratégique vers Kisangani. Le déploiement de l’unité Jungle devait initialement renforcer la sécurité régionale. Mais sa présence se transforme en source d’oppression pour les civils. Les taxes arbitraires paralysent les déplacements et les activités économiques des villageois.
Comment expliquer que des forces censées protéger la population deviennent ses bourreaux ? Pourquoi ces pratiques perdurent-elles malgré les dénonciations répétées ? L’absence de réaction ferme des autorités compétentes alimente les interrogations. La situation illustre un problème plus large d’impunité et de détournement de mission des unités déployées dans l’Est.
L’insécurité à Bafwasende prend ainsi un visage inattendu : celui de militaires transformés en percepteurs illégaux. Les conséquences socio-économiques sont désastreuses pour des communautés déjà vulnérables. La crédibilité des institutions s’érode davantage à chaque barrière dressée. Une intervention urgente de la hiérarchie militaire s’impose pour stopper ces exactions qui souillent l’uniforme national.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd