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Contrat minier RDC-USA : Kikaya dénonce un « pillage des ressources pour générations futures »

Alors que Kinshasa et Washington s’apprêtent à parapher un accord de paix historique ce 27 juin sous médiation américano-qatarienne, une autre négociation bien moins transparente secoue la scène politique congolaise. Barnabé Kikaya Bin Karubi, figure de proue de l’opposition non armée et ancien conseiller diplomatique de Joseph Kabila, jette une pierre dans le jardin minier du gouvernement Tshisekedi. Dans des déclarations explosives, il accuse l’exécutif de marchander les ressources stratégiques du pays contre une garantie de maintien au pouvoir.

« Ce régime vient aux États-Unis donner les minéraux de nos enfants », tonne l’ancien ambassadeur, dénonçant un double contrat en cours de finalisation. Selon ses informations, un accord politique viserait à « sécuriser le pouvoir en place », tandis qu’un volet économique scellerait le transfert des « terres rares et minéraux stratégiques » aux intérêts américains. Une transaction qualifiée d’aliénation du patrimoine national, où les futures générations congolaises seraient lésées sans consultation populaire préalable.

Kikaya pointe du doigt l’opacité des négociations : « Les délégués du gouvernement sont venus avec un cahier de charges contraire qui met à mal le Congo ». Cette critique intervient dans un contexte où la gouvernance de Félix Tshisekedi est décriée comme facteur d’instabilité. L’opposant évoque pêle-mêle « corruption rampante », « destruction de la cohésion nationale » et « violations répétées de la Constitution », autant de maux qui placeraient la RDC « au bord de l’implosion ». Les forces de sécurité n’échappent pas à ce sombre tableau, avec des généraux « soit en prison, soit tués » selon ses termes.

Faut-il pour autant rejeter toute coopération avec les États-Unis ? L’ancien diplomate nuance son propos en citant l’exemple de la présidence Kabila, où le partenariat avec Phelps Dodge à Tenke Fungurume s’était construit sur « un Congo stable ». La différence résiderait dans les fondations : Joseph Kabila invitait les investisseurs dans un cadre institutionnel solide, là où l’actuel pouvoir négocierait depuis une position de faiblesse. « Nous ne voulons pas des capitaux américains qui viennent au Congo et trouvent un Congo au bord de l’implosion », tranche-t-il.

Cette sortie incendiaire soulève des questions troublantes à l’heure où Washington s’érige en médiateur régional. Comment concilier ce rôle d’arbitre avec des intérêts miniers directs ? La réponse de Kikaya fuse, cinglante : l’opposition dont il se réclame agit pour préserver l’héritage constitutionnel de Sun City, menacé selon lui par les pratiques actuelles. Un mandat moral qu’il justifie par la nécessité de protéger les acquis historiques – retrait des troupes étrangères, accord global inclusif – contre leur « destruction » programmée.

L’analyse géopolitique prend une tournure plus ambiguë lorsqu’abordé le dossier du M23. Tout en affirmant que Goma « n’est pas une ville étrangère », Kikaya botte en touche sur le soutien rwandais présumé à la rébellion : « Il faudra le prouver ». Plus troublant encore, son évocation des 14 mois passés par des représentants du groupe à l’hôtel Kempinski de Kinshasa « aux frais de l’État », sans que personne ne sache « ce qu’ils se sont dit avec M. Tshisekedi ». Ces zones d’ombre interrogent sur la cohérence des alliances dans l’est du pays.

À quatre jours de la signature de l’accord de paix, ces révélations jettent une lumière crue sur les coulisses du pouvoir. Les négociations secrètes Congo-USA sur les ressources minières pourraient-elles compromettre la stabilité régionale tant espérée ? La question mérite d’être posée alors que les terres rares congolaises deviennent l’enjeu d’un nouveau Grand Jeu international. Reste à savoir si les générations futures, celles-là mêmes que Kikaya prétend défendre, hériteront d’un pays pacifié ou d’une terre fracturée par ses richesses.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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