Dans un contexte politique tendu, la Synergie de la société civile pour la transparence des processus de paix en RDC a vu le jour le 20 juin à Kinshasa. Cette coalition, rassemblant des acteurs majeurs de la vie citoyenne congolaise, tire la sonnette d’alarme sur l’opacité persistante entourant les accords économiques internationaux et les initiatives de paix. Une initiative qui tombe à pic, alors que se négocient dans l’ombre des dossiers cruciaux pour l’avenir du pays.
Christian Moleka, porte-parole de cette synergie, fustige le manque criant de consultation populaire : Le Parlement a fermé ses portes sans débat public sur des engagements historiques. Les Congolais méritent de savoir quels pactes scellent leur destin
. Un avertissement qui résonne comme un coup de semonce dans l’arène politique kinoise, où les décisions se prennent trop souvent en circuit fermé. Qui donc redoute la lumière publique, si ce n’est ceux qui ont quelque chose à cacher ?
Au cœur des préoccupations : l’accord minier stratégique en négociation entre Kinshasa et Washington. Cet échange d’appui sécuritaire contre l’accès aux gisements de cobalt, cuivre et lithium soulève des interrogations majeures sur sa durée, ses bénéfices réels pour la RDC et ses mécanismes de contrôle. Après le contrat chinois décrié pour son opacité, voici un nouveau pacte dans la même opacité
, déplore Moleka. La transparence processus paix RDC semble être le premier casualty de ces tractations où les populations locales, pourtant premières concernées, sont tenues à l’écart comme de simples figurants.
Parallèlement, le processus de paix sous médiation américano-qatarie suscite des inquiétudes légitimes. L’accord provisoire paraphé le 18 juin à Washington prévoit l’intégration conditionnelle de groupes armés – une mesure qui rappelle fâcheusement les échecs passés du brassage. S’agit-il du brassage version 2.0 ?
, interroge la Synergie, rappelant que le Parlement avait pourtant interdit formellement de telles intégrations. Les négociations RDC USA sur ce dossier sensible manquent cruellement de clarté, alimentant les suspicions d’une paix achetée au prix de compromis dangereux.
Face à ces dossiers brûlants, la société civile Kinshasa exige un sursaut démocratique immédiat : convocation des ministres concernés devant une session parlementaire extraordinaire, publication des termes des contrats miniers, et clarification des modalités d’intégration des combattants. Que les Congolais sachent enfin sur quelle voie s’engage leur République
, plaide Moleka. Un ultimatum citoyen qui met les autorités au pied du mur : continueront-elles à négocier dans l’ombre, ou comprendront-elles que la légitimité des accords se forge dans la lumière ?
L’enjeu dépasse la simple question de la redevabilité. Il touche à la crédibilité même des institutions congolaises, minées par des pratiques héritées d’une autre époque. La Synergie pose ainsi une question fondamentale : jusqu’à quand la gestion des richesses nationales et de la sécurité restera-t-elle l’affaire d’un cercle restreint d’initiés ? Les prochains jours seront décisifs, alors que la signature officielle de l’accord de paix est prévue ce 27 juin. Gageons que les leçons des erreurs passées serviront enfin de boussole.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net