Dans un contexte de tensions migratoires croissantes, le gouvernement congolais a engagé des discussions cruciales avec la diplomatie américaine concernant les restrictions de voyage envisagées par Washington. Le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo Bihango, et la ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, ont reçu en urgence l’ambassadrice des États-Unis, Lucy Tamlyn, suite à l’annonce de possibles mesures restrictives affectant les ressortissants de trente-six pays, dont la République démocratique du Congo.
Un communiqué officiel conjoint, publié le 19 juin, révèle que les échanges ont principalement porté sur le renforcement de la coopération bilatérale RDC-USA dans trois domaines sensibles : la mobilité internationale, la délivrance de documents voyage sécurisés RDC, et la gestion migratoire Congo. Face aux inquiétudes soulevées par les restrictions voyage USA-RDC, les autorités congolaises ont fermement réaffirmé leur engagement à garantir l’intégrité des passeports et autres titres de voyage, promettant une collaboration accrue entre services compétents.
Cette rencontre intervient dans un climat déjà tendu, puisque depuis début juin, Washington a instauré une interdiction entrée USA pour douze nations, dont la RDC voisine du Tchad et Haïti, tout en imposant des limitations sévères à des pays comme le Togo ou le Burundi. La Maison Blanche justifie ces décisions par des impératifs de sécurité nationale, pointant du doigt la prétendue incapacité de certains États à fournir des « documents d’identité fiables » ou dénonçant un « taux de fraude élevé dans les administrations ». Pour d’autres pays, c’est le nombre important de ressortissants ayant « dépassé la date limite de leur visa » qui serait en cause.
Mais comment ces accusations s’appliquent-elles concrètement au cas congolais ? Les autorités de Kinshasa semblent déterminées à démontrer leur bonne foi opérationnelle. Les deux parties ont convenu de maintenir un dialogue technique soutenu dans les semaines à venir, visant notamment à clarifier les critères exacts des mesures américaines et à en atténuer les répercussions sur les citoyens congolais. Cette approche proactive répond-elle suffisamment aux exigences sécuritaires américaines ?
La question des documents de voyage sécurisés apparaît comme l’épicentre des négociations. Le gouvernement congolais insiste sur les réformes déjà engagées pour moderniser ses systèmes d’identification, mais reconnaît implicitement que des progrès restent nécessaires pour répondre aux standards internationaux. Cette coopération renforcée pourrait-elle servir de modèle pour d’autres nations africaines concernées par ces restrictions ?
Analystes et observateurs soulignent que ces tensions migratoires s’inscrivent dans un paysage géopolitique complexe, où les considérations sécuritaires l’emportent souvent sur les principes de libre circulation. La RDC, en cherchant activement le compromis, tente d’éviter l’isolement diplomatique tout en préservant les intérêts de sa diaspora. L’efficacité des mesures promises par Kinshasa sera scrutée à la loupe par Washington, où la politique de Donald Trump en matière d’immigration reste inflexible.
Alors que les prochaines semaines s’annoncent déterminantes, une question cruciale persiste : ces négociations permettront-elles d’éviter à la RDC de rejoindre la liste noire des pays frappés par l’interdiction totale d’entrée sur le sol américain ? La crédibilité des engagements congolais en matière de gestion migratoire et de fiabilité documentaire sera mise à l’épreuve dans ce dossier hautement sensible, où chaque avancée technique compte doublement sur l’échiquier diplomatique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net