Le sommet sur le Plan Mattei et le Global Gateway, clôturé ce vendredi 20 juin à Rome, a acté un engagement financier massif de l’Europe en Afrique, avec des retombées immédiates pour la République démocratique du Congo. Plus de 1,2 milliard d’euros d’investissements européens et italiens seront injectés dans des secteurs stratégiques, dont l’agriculture, les énergies renouvelables et la numérisation. Cette manne, comparable à une bouffée d’oxygène pour des économies en quête de diversification, positionne la RDC comme bénéficiaire clé des accords UE-RDC noués dans le cadre du Plan Mattei Afrique.
La Première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka, a saisi cette tribune pour marteler l’impératif d’équité dans ces coopérations. « C’est dans le cadre du partenariat gagnant-gagnant », a-t-elle insisté, rejetant une vision réductrice centrée sur les corridors logistiques. Son plaidoyer souligne la nécessité de transformer ces infrastructures en véritables pôles de développement intégré, générant des projets agricoles RDC structurants et des chaînes de valeur locales. Quel impact ces investissements auront-ils sur l’employabilité des jeunes congolais ? La réponse se niche dans l’orientation des fonds : près de 40% cibleront spécifiquement la formation professionnelle et l’agro-industrie, deux leviers cruciaux pour absorber une main-d’œuvre juvénile en croissance exponentielle.
Derrière ces annonces réside une double initiative aux ambitions colossales. Porté par l’Italie, le Plan Mattei mobilisera 5,5 milliards d’euros pour consolider la coopération Afrique-Europe, agissant comme un catalyseur de développement endogène. Parallèlement, le Global Gateway investissements, stratégie phare de l’Union européenne, déploiera 150 milliards d’euros à l’échelle mondiale, dont une part substantielle irriguera le continent africain. Ces mécanismes financiers répondent à une équation complexe : comment stimuler une croissance inclusive tout en contenant les flux migratoires ? L’agriculture congolaise, avec son potentiel sous-exploité de grenier de l’Afrique centrale, incarne le laboratoire idéal pour tester ce modèle.
Concrètement, les projets agricoles RDC bénéficieront d’enveloppes dédiées à la modernisation des filières vivrières et à l’irrigation durable. Une analyse coûts-bénéfices révèle des retombées potentielles tangibles : chaque million investi dans l’agroécologie pourrait créer jusqu’à 200 emplois directs en milieu rural, selon les projections de la Banque africaine de développement. Les énergies renouvelables, autre pilier des accords, visent à électrifier 30% des zones périurbaines d’ici 2030, réduisant la dépendance aux générateurs diesel – véritable gouffre économique pour les PME locales.
Ce partenariat gagnant-gagnant RDC-Europe n’est pourtant pas sans écueils. Les observateurs pointent le risque de dépendance technologique ou de standards inadaptés aux réalités locales. La Première ministre a balayé ces craintes en exigeant des « programmes structurants » ancrés dans les besoins des populations. L’enjeu dépasse la simple injection de capitaux ; il s’agit de bâtir une économie résiliente où la jeunesse congolaise deviendrait architecte de sa propre prospérité. À l’heure où les cours des matières premières fluctuent, ces investissements pourraient bien constituer le socle d’une diversification tant attendue – à condition que la gouvernance des fonds soit irréprochable.
À moyen terme, le succès de ces accords UE-RDC se mesurera à l’aune de leur impact sur le PIB non minier. Si les engagements sont tenus, le secteur agricole congolais pourrait voir sa contribution grimper de 20% d’ici cinq ans, offrant une alternative crédible à l’extractivisme. Le Global Gateway investissements et le Plan Mattei Afrique dessinent ainsi une nouvelle géographie économique où la RDC, dotée de ses immenses ressources humaines et naturelles, passerait du statut de bénéficiaire à celui de partenaire stratégique. Reste à transformer l’essai : la prochaine étape consistera à concrétiser ces promesses financières en projets tangibles, générateurs d’emplois et de valeur ajoutée locale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net