Dans les allées poussiéreuses du marché de Gambela, Monique, les mains calleuses posées sur ses paniers de légumes, livre un constat sans appel : « Chaque jour, je vends pour nourrir mes trois enfants et payer leur école. Mais si je tombe malade ? Personne. » Son témoignage résume le paradoxe vécu par des milliers de femmes Kinshasa, pilier invisible d’une économie informelle qui les maintient dans la précarité.
Comment expliquer qu’elles représentent 70% des acteurs du secteur informel – selon les derniers chiffres de l’INS – tout en restant privées de protection sociale élémentaire ? L’économie informelle Kinshasa repose sur leurs épaules, des marchés de Matete aux étals de Ngaba, où elles déploient une ingéniosité quotidienne pour contourner l’absence de structures officielles. Pourtant, cette réalité contraste avec des avancées timides : de plus en plus de Congolaises percent dans l’entreprenariat, la politique ou même la sécurité, domaines jadis masculins.
Les inégalités femmes RDC se nichent dans les détails invisibles. Une conseillère municipale, sous couvert d’anonymat, confie : « Lors des budgets, les besoins spécifiques des filles – sanitaires scolaires ou protections hygiéniques – sont encore ignorés. » Cette marginalisation persiste malgré la gratuité théorique de l’éducation, où les grossesses précoces et la pauvreté continuent de priver les adolescentes de leur droit à l’instruction, particulièrement en périphérie.
Face à ces barrières systémiques, les associations femmes Congo deviennent des remparts. À Limete, Ginette Mukala forme chaque mois des dizaines de femmes aux métiers du numérique ou de la couture dans son centre « Pour la Femme ». « Notre combat : transformer la survie en autonomie durable », explique-t-elle devant des machines à coudre bruyantes. Ces initiatives pallient l’absence criante de politiques publiques, créant des réseaux de solidarité là où l’État est défaillant.
L’émancipation femmes Kinshasa avance-t-elle au rythme de leurs sacrifices ? Si quelques figures politiques émergent dans les mairies d’arrondissement, leur représentativité nationale reste symbolique. La route vers l’égalité réelle demeure semée d’obstacles culturels et économiques. Mais comme le souligne une vendeuse de poissons à Yolo : « Nos mères se taisaient. Nous, nous savons que nos filles méritent mieux. » Dans cette ville tentaculaire, leur résilience silencieuse pourrait bien être le ferment d’une révolution sociale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
