Dans le quartier populaire de Makala, Jeanne, mère de quatre enfants, montre du doigt les eaux usées qui stagnent devant sa maison : « Chaque saison des pluies, le choléra frappe nos familles. Combien d’enfants doivent encore souffrir avant que nos ruelles soient assainies ? » Un espoir se profile enfin avec la signature ce vendredi d’une convention historique.
L’Agence française de développement et l’Union européenne injectent 9 millions d’euros dans des projets vitaux pour la RDC. À Kinshasa, trois quartiers ciblés verront leurs systèmes d’assainissement transformés. « Ces fonds additionnels ciblent délibérément les communautés vulnérables », souligne Antonio Capone, chef de coopération à la délégation UE en RDC. « Notre partenariat avec la RDC se concentre sur les réalités locales : quand les canalisations débordent dans les cours, c’est toute la santé publique qui est en jeu. »
À 1 300 kilomètres de là, Kananga prépare sa révolution éducative. Stanislas Tshimanga, directeur de l’INPP, confie son impatience : « Depuis quinze ans que l’AFD nous accompagne, ce centre de métiers professionnels changera tout pour les jeunes du Kasaï. Imaginez : des formations concrètes pour des centaines d’apprentis dans une région où le chômage frappe 70% des moins de 25 ans ! » Le projet, étalé sur 48 mois, répond à un besoin criant de professionnalisation.
Mais ces financements AFD-RDC et UE-RDC suffiront-ils face à l’ampleur des défis ? Les projets développement INPP à Kananga représentent un pas important, tout comme les travaux d’assainissement Kinshasa dans les zones critiques. Pourtant, la capitale compte encore 12 millions d’habitants dont près de la moitié vit dans des quartiers non viabilisés. « L’enjeu dépise l’urgence sanitaire », analyse un expert en développement urbain. « Derrière chaque égout bouché se cachent des enfants privés d’école par les maladies, des femmes exposées aux agressions faute d’éclairage public, des familles entières piégées dans la pauvreté. »
Cette convention s’inscrit dans un vaste partenariat : l’UE et l’AFD ont engagé 2 milliards de dollars depuis dix ans dans des secteurs clés comme la santé ou l’énergie. La formation professionnelle Kananga via l’INPP symbolise cette volonté d’investir dans le capital humain. Mais le véritable test résidera dans l’exécution transparente des chantiers. Comme le rappelle une activiste locale : « L’eau propre et les diplômes ne doivent pas rester des promesses sur papier. Dans nos marchés, les mères demandent des actes concrets avant la prochaine saison des pluies. »
Alors que le soleil se couche sur les chantiers de Kinshasa, une question persiste : ces millions transformeront-ils durablement le quotidien des Congolais ou resteront-ils des lignes budgétaires ? La réponse viendra des quartiers où les enfants pourront enfin jouer sans craindre les flaques contaminées, et des ateliers de Kananga où naîtront les premiers diplômés.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
