La nuit du 19 juin 2025 s’est transformée en cauchemar pour les habitants de l’avenue Rutshuru. Sous le ciel étoilé de Kahembe, dans la commune de Karisimbi, les flammes ont dévoré plus d’une vingtaine de maisons, réduisant en cendres les rêves de familles entières. Ibrahim Kabikire Maguru, chef de quartier, décrit une scène apocalyptique : « Des enfants pleurent, des parents errent comme des âmes en peine. Tout ce qu’ils possédaient a disparu dans cet enfer. » La cause ? Un simple court-circuit électrique qui a déclenché cette catastrophe à Goma, rappel brutal de la précarité des installations dans cette région du Nord-Kivu.
Comment une étincelle peut-elle anéantir des vies en quelques heures ? Les témoins racontent comment le feu s’est propagé avec une rapidité terrifiante, profitant des constructions en bois et des matériaux inflammables qui caractérisent ce quartier populaire. « On croyait à un feu de cuisine au début, mais en dix minutes, tout le pâté de maisons était enveloppé de fumée âcre », confie Mama Shako, commerçante sinistrée. L’intervention tardive des camions anti-incendie a limité l’ampleur du désastre, mais le bilan reste lourd : 20 foyers calcinés, des centaines de personnes condamnées à dormir à même le sol dans cette nuit glaciale de juin.
Derrière ce drame individuel se cache une réalité collective accablante. L’incendie de Kahembe n’est pas un incident isolé, mais le symptôme d’un système électrique vétuste qui menace quotidiennement les habitants de Karisimbi. Les branchements anarchiques, les câbles dénudés et les transformeurs surchargés transforment les ruelles en véritables poudrières. « Chaque mois, nous signalons des risques de court-circuit à la Rutshuru, mais qui écoute les voix des quartiers périphériques ? » s’interroge un responsable local sous couvert d’anonymat. Cette catastrophe à Goma pose une question brûlante : jusqu’à quand négligera-t-on la sécurité électrique dans les zones densément peuplées ?
Face à l’urgence, le chef de quartier lance un cri du cœur : « Des bébés grelottent sans toit ce soir. Nous en appelons à la solidarité nationale pour ces familles sinistrées. » Les besoins sont immédiats : couvertures, eau potable, kits d’hygiène et abris temporaires. Mais au-delà de l’aide d’urgence, c’est tout le système de prévention des risques qui doit être repensé. Pourquoi les camions incendie mettent-ils 45 minutes à atteindre Kahembe ? Comment expliquer l’absence de formation aux premiers secours dans ces quartiers ?
Les sinistrés de Karisimbi incarnent aujourd’hui la vulnérabilité de toute une population. Cette nuit tragique révèle l’impérieuse nécessité d’un plan global de sécurisation des installations électriques à Goma. Sans mesures radicales, combien d’autres familles devront affronter les flammes avant que l’étincelle de la conscience politique ne s’allume ? La reconstruction des maisons calcinées ne suffira pas. C’est la confiance dans les institutions qu’il faut rebâtir, brique par brique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
