Les flammes ont dansé toute la nuit dans l’obscurité pluvieuse d’Isiro, dévorant avec une rage insatiable la mémoire administrative de l’Institut Saint Rosaire. « C’était comme si le ciel nous punissait », murmure un parent d’élève, les yeux rivés sur les décombres fumants de ce jeudi matin. Sous une pluie torrentielle, un coup de tonnerre aurait frappé le paratonnerre de l’école conventionnée catholique dans la commune Mendambo, transformant cette protection en traître déclencheur d’un incendie catastrophique.
Quelle ironie cruelle que ce dispositif conçu pour sauvegarder soit devenu l’instrument de la perte ! Le feu, né d’un court-circuit sur le réseau électrique alimenté par groupe électrogène, a embrasé le bâtiment administratif avec une rapidité foudroyante. Préfecture, salle des enseignants, bureau des études, service comptable : toutes les structures vitales de l’établissement scolaires ont été réduites à un amas de cendres noircies. Les riverains, témoins impuissants, ont vu disparaître en quelques heures des décennies de travail administratif.
Le plus déchirant ? La destruction totale des documents scolaires. Diplômes d’État, bulletins de notes, dossiers d’inscription : autant de pièces uniques parties en fumée. « Comment reconstituer des années de parcours éducatif ? », s’interroge amèrement un professeur sur place. Cette perte dépasse le simple incident matériel ; c’est la mémoire institutionnelle de Saint Rosaire qui s’est volatilisée dans la nuit du 18 juin. La matinée a révélé l’ampleur du désastre : seules les structures calcinées rappellent encore la fonction des lieux, tandis que l’odeur âcre de brûlé persiste comme un funeste rappel.
L’incendie de l’école Saint Rosaire à Isiro pose des questions brûlantes sur la vulnérabilité de nos institutions éducatives. Pourquoi des documents aussi cruciaux n’étaient-ils pas dupliqués ou protégés contre les catastrophes naturelles ? Comment une ville comme Isiro, régulièrement frappée par des intempéries, peut-elle mieux sécuriser ses écoles ? Derrière les murs calcinés de Mendambo, c’est toute la problématique de la préservation du patrimoine scolaire en RDC qui se consume. La reconstruction des bâtiments sera longue, mais celle de la mémoire administrative s’annonce comme un défi bien plus complexe encore.
Alors que les enquêtes se poursuivent pour établir un bilan précis, la communauté éducative d’Isiro se retrouve confrontée à un vide bureaucratique sans précédent. Cette tragédie rappelle cruellement la précarité des systèmes de conservation dans nos régions. Quand le ciel lui-même semble se liguer contre l’éducation, quelle réponse collective pouvons-nous opposer ? L’incendie du bâtiment administratif de Saint Rosaire n’est pas qu’un accident localisé ; c’est un coup de tonnerre dans le paysage éducatif congolais tout entier.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
