Le périple du vice-Premier ministre Guy Kabombo Muadiamvita dans le Grand Équateur révèle une approche inédite de gouvernance sécuritaire. Arrivé mardi à Lisala en province de la Mongala, le patron de la Défense nationale a opéré un geste symbolique fort en se rendant au Centre pénitentiaire militaire d’Angenga. Cette démarche rare, où il a évalué les conditions carcérales, interroge : jusqu’où l’État peut-il tolérer la dégradation de ses institutions régaliennes ?
Cette immersion dans la 13e région militaire s’inscrit dans une stratégie plus large de restructuration des FARDC. À Boende, dans la Tshuapa, le comité provincial de sécurité présidé par Kabombo a rassemblé députés nationaux et responsables locaux. Le ministre y a plaidé pour une collaboration renforcée face aux défis sécuritaires, martelant que « la paix durable dans le Grand Équateur exige davantage que des discours ». Une position ferme qui contraste avec les réalités observées sur le terrain.
L’état des infrastructures militaires visitées – camp Ndondo, hôpital militaire et mess des officiers – a révélé un délabrement alarmant. Face à cette situation, Guy Kabombo Muadiamvita a brandi la menace de mesures sévères contre la promiscuité et les spoliations. Sa colère s’est particulièrement manifestée devant les retards de réhabilitation d’un projet crucial, exigeant des entrepreneurs des actions immédiates. Quelle armée peut prétendre à l’efficacité lorsque ses bases ressemblent à des ruines ?
L’itinérance ministérielle dépasse cependant le cadre strictement opérationnel. En dialoguant avec les chefs coutumiers, Kabombo a reconnu leur rôle de pivot social, tandis que sa rencontre avec les épouses de militaires traduit une volonté d’écoute des réalités humaines. La promesse de transmettre leurs doléances au président Tshisekedi crée un pont symbolique entre le terrain et le sommet de l’État.
Cette visite dessine en filigrane les contours d’une réforme ambitieuse des forces armées. Entre exigences techniques et considérations sociales, le ministre navigue sur une crête étroite. Son départ imminent pour Gemena, ultime étape de cette tournée dans le Grand Équateur, déterminera si cette approche combinant fermeté et dialogue portera ses fruits. La crédibilité de la refonte des infrastructures militaires en RDC se joue désormais dans l’exécution des promesses faites aux militaires comme aux populations locales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
