La République Démocratique du Congo, poumon vert de l’Afrique, se prépare-t-elle à trahir ses premiers défenseurs environnementaux ? Alors que la COP30 RDC pointe à l’horizon de novembre 2025, une alarme criante retentit du cœur des forêts tropicales. Les communautés locales climat, ces sentinelles oubliées qui préservent quotidiennement nos écosystèmes, sont systématiquement évincées des processus décisionnels. Le député provincial honoraire Prince Kihangi, porte-voix des « Écologistes RDC », déchire le voile sur cette injustice criante dans une déclaration cinglante.
« Comment la RDC peut-elle prétendre incarner un pays-solution climatique tout en marginalisant ceux dont les mains protègent concrètement nos forêts ? » interroge-t-il, la colère teintée d’amertume. Son constat est sans appel : les peuples autochtones RDC n’ont même pas été informés des résolutions issues de la COP29. Un silence coupable qui se reproduit aujourd’hui, à l’orée du grand rendez-vous international. Ces populations, véritables remparts contre la déforestation, restent étrangères aux projets censés les concerner au premier chef.
Preuve flagrante : le projet « Couloir vert Kivu-Kinshasa », présenté comme un fleuron de la lutte climatique nationale. Sur le terrain, ceux qui vivent au contact quotidien des arbres ignorent jusqu’à son existence. « Comment s’approprier ce dont on ne connaît même pas les contours ? » lance Kihangi, dénonçant une politique environnementale en décalage avec les réalités humaines. Cette exclusion n’est pas qu’un affront démocratique ; elle sape l’efficacité même des initiatives vertes congolaises.
Mais le malaise va plus profond. L’ancien élu du Nord-Kivu pointe du doigt l’opacité étouffante entourant les crédits carbone RDC. Ces financements vitaux, destinés à récompenser la préservation des puits de carbone, semblent s’évaporer dans les méandres bureaucratiques sans jamais atteindre ceux qui méritent compensation. « Les communautés forestières donnent leur sueur pour l’équilibre climatique mondial, mais ne perçoivent que des miettes en retour », déplore-t-il. Une économie verte qui tourne à vide quand elle ignore ses propres acteurs.
Face à ce tableau accablant, l’appel de Kihangi résonne comme un ultimatum : la ministre de l’Environnement doit impérativement organiser des consultations inclusives avant de finaliser le cahier des charges pour la COP30. « Écoutons les vraies voix du terrain ! » implore-t-il, soulignant que toute politique climatique crédible doit reposer sur trois piliers indissociables : justice sociale, inclusion effective et respect des droits ancestraux. Les forêts congolaises ne seront sauvées que par celles et ceux qui les habitent depuis des générations.
À quelques mois de ce sommet décisif, la RDC joue son double pari : crédibilité internationale et cohésion nationale. Sans les peuples de la forêt, le concept même de « pays-solution » risque de se réduire en cendres. L’heure n’est plus aux beaux discours, mais à l’action concertée. Car comment protéger l’avenir climatique sans ceux qui en sont les gardiens présents ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net