Dans un Kinshasa en effervescence politique, Jean-Marc Kabund a brandi l’étendard de la rupture ce 18 juin. Le coordonnateur de la nouvelle Coalition de la Gauche Congolaise (CGC) a dénoncé avec virulence les mécanismes de prédation qui, selon lui, maintiennent la RDC dans un sous-développement chronique depuis l’indépendance. Devant une salle comble au Show-Buzz, le ton était à la révolution politique.
« Nous fondons une nouvelle expérience politique sur un seul pilier : une idéologie bâtie sur la démocratie, dans un environnement sain », a déclaré Kabund, fustigeant l’accaparement des richesses par une « infime minorité ». Son diagnostic est sans appel : tribalisme, népotisme, détournement des deniers publics et impunité constituent le terreau d’une injustice sociale systémique. La Coalition Gauche Congolaise se présente ainsi comme un brise-lame contre six décennies de pratiques délétères.
Cette mouvance, qui fédère plusieurs formations politiques, s’arc-boute sur des piliers explicites : égalité des chances, transparence gouvernanteale et justice sociale au Congo. Mais comment transformer ce manifeste en réalité tangible ? Kabund esquisse une stratégie en trois temps : mobilisation citoyenne, conscientisation des masses et combat frontal contre « le mensonge d’État ». La CGC ambitionne ni plus ni moins de réécrire les règles du jeu politique congolais.
L’architecture du projet révèle des ambitions structurantes : fédérer les forces sociales autour de la cohésion nationale, préserver l’intégrité territoriale et affirmer la souveraineté congolaise. Un programme qui résonne comme une réponse aux fractures persistantes de la nation. Mais cette révolution politique en RDC peut-elle véritablement s’affranchir des réseaux clientélistes qui gangrènent Kinshasa ?
L’affluence massive enregistrée lors de ce lancement témoigne d’une attente populaire palpable. Des milliers de militants ont acclamé ce projet de société se réclamant de la gauche, dans un pays où l’échiquier politique peine traditionnellement à se structurer selon un clivage idéologique clair. Kabund, figure connue du paysage politique, joue ici son va-tout en incarnant une alternative radicale.
En qualifiant ouvertement son initiative de « déclaration de guerre à l’ordre ancien », l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale prend un risque calculé. Cette rupture affichée interroge : s’agit-il d’une simple posture électoraliste ou d’une refonte profonde des paradigmes ? La réponse se nichera dans la capacité du mouvement à transcender les personnalités pour incarner une véritable doctrine.
Les mois à venir seront décisifs pour cette Coalition de la Gauche Congolaise naissante. Entre les promesses de transparence et l’écueil des pratiques héritées, entre la théorie révolutionnaire et l’art du possible politique, le chemin s’annonce semé d’embûches. Une certitude plane cependant : en faisant de la justice sociale au Congo son étendard, Jean-Marc Kabund a insufflé un nouveau narratif dans le débat public congolais. Reste à savoir s’il parviendra à le traduire en force de transformation effective.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net