Le brouhaha des discussions s’apaise lentement dans la salle de conférence de Kinshasa ce mardi 17 juin 2025. Sous les projecteurs, Anna Kitoga, coordonnatrice du Secrétariat technique national de la Résolution 2250, lance un appel qui résonne comme un défi lancé à toute une génération : “Nous devons écrire ensemble l’histoire de la RDC”. Son auditoire ? Des dizaines de jeunes leaders, membres de la Coalition Jeunes, paix et sécurité et du Conseil national de la jeunesse, réunis pour le lancement officiel de l’agenda onusien en terre congolaise. Une scène symbolique où l’énergie juvénile se heurte aux défis immenses de la construction de la paix.
Derrière ces mots se cache une réalité méconnue : la République démocratique du Congo se hisse au 3e rang mondial des pays implémentant la résolution 2250 du Conseil de sécurité des Nations Unies, devancée seulement par deux nations sur le continent africain. Un paradoxe saisissant pour un pays miné par les conflits, mais qui témoigne d’une prise de conscience radicale. “Documenter le parcours des jeunes bâtisseurs”, insiste Kitoga, évoquant ces héros de l’ombre engagés depuis la phase de plaidoyer jusqu’à l’élaboration du plan d’action national jeunesse.
Quel visage prendra cette révolution silencieuse ? Le ministère de la Jeunesse, bras séculier de l’initiative, mise sur trois piliers : la vulgarisation concrète de la résolution, la sensibilisation massive de la jeunesse congolaise, et surtout, la reconnaissance des parcours individuels. Lors d’ateliers d’échanges, participants et partenaires institutionnels ont planché sur des mécanismes innovants. Parmi eux, Cédric Ayaka, gouverneur de la Mongala, venu témoigner de son expérience politique en tant que jeune dirigeant. Sa présence soulève une question essentielle : les autorités congolaises sont-elles prêtes à partager réellement le pouvoir décisionnel ?
Adoptée en 2015 sous l’impulsion jordanienne, la résolution 2250 n’est pourtant pas un simple texte diplomatique. Elle consacre une première historique : la reconnaissance officielle par l’ONU du rôle positif des jeunes dans la prévention des conflits. En RDC, où 70% de la population a moins de 30 ans, cette feuille de route pourrait s’avérer déterminante. Mais le chemin reste semé d’embûches. Comment transformer l’essai quand les jeunes des zones rurales peinent à accéder aux tables de négociation ? Comment valoriser les initiatives locales sans les étouffer sous la bureaucratie ?
Le plan d’action national jeunesse se veut une réponse. En mettant en lumière les jeunes bâtisseurs de paix Congo, il tente d’offrir des modèles concrets à une génération souvent réduite à la figure de victime ou de bourreau. “L’inclusion n’est pas un slogan”, martèle Kitoga, rappelant que l’agenda jeunesse ONU exige une présence active dans les processus politiques. Les défis sont colossaux : corruption endémique, manque de financements, pesanteurs socioculturelles. Pourtant, dans l’assemblée, des regards brillent d’une détermination nouvelle.
La mise en œuvre de la résolution 2250 en RDC dépasse le cadre technique. Elle interroge la capacité d’un pays meurtri à réinventer son contrat social. Si les jeunes congolais parviennent à s’approprier cet outil, ils pourraient bien écrire un chapitre inédit de l’histoire africaine. Une histoire où la jeunesse paix sécurité RDC ne serait plus une promesse, mais une réalité vivante. L’atelier de Kinshasa n’est que le premier pas. La véritable épreuve commencera demain, dans les rues de Goma, les villages du Kasaï, les universités de Lubumbashi. Le monde regarde : la troisième nation pionnière de l’agenda jeunesse ONU saura-t-elle montrer la voie ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
