Un mois déjà que les amphithéâtres sont silencieux à Walikale. Depuis le 26 mai dernier, les institutions supérieures de la région – l’ISP, l’ISDR et l’ISTM – sont paralysées par une grève des enseignants, ces derniers réclamant le paiement de salaires impayés depuis cinq longs mois. Une situation intenable qui pousse désormais les étudiants à descendre dans la rue.
Ce mercredi 18 juin, un mouvement estudiantin pacifique a tenté de se faire entendre. Partis de la bibliothèque de l’ISP Walikale, ces jeunes portaient un simple message : la reprise immédiate des activités académiques. « Comment poursuivre notre formation dans ces conditions ? », interrogeait un étudiant en sciences, sous couvert d’anonymat. « Chaque jour perdu creuse l’écart avec notre avenir professionnel. »
Pourtant, cette manifestation légitime s’est heurtée à une répression policière brutale. Les éléments de la Police Nationale Congolaise, appuyés par la police militaire, ont dispersé le cortège à coups de bombes lacrymogènes avant même qu’il n’atteigne le bureau de l’administrateur du territoire. Les étudiants comptaient pourtant y déposer un mémorandum exigeant une solution urgente à cette suspension des cours dans les institutions supérieures.
« Cette répression viole ouvertement l’article 26 de notre Constitution qui garantit le droit de manifester pacifiquement », dénonce un membre du comité inter estudiantin. La réaction des forces de l’ordre soulève une question cruciale : pourquoi une telle violence contre des jeunes réclamant simplement leur droit fondamental à l’éducation ?
En toile de fond de cette crise, la grève des enseignants de Walikale persiste. Les personnels académiques et scientifiques, dont certains n’ont pas perçu de salaire depuis près d’un semestre, refusent de reprendre le travail sans garanties concrètes. « Nous ne pouvons plus nourrir nos familles ni assumer nos frais de transport », confie un professeur de l’ISTM. « Cette grève est un dernier recours, pas un choix. »
Déjà début juin, le comité estudiantin avait alerté les gestionnaires des établissements, les suppliant de résoudre ce conflit salarial sans pénaliser davantage les apprenants. Un mois plus tard, l’impasse demeure totale. Les salles de classe restent désespérément vides, tandis que les étudiants se retrouvent pris en étau entre l’intransigeance administrative et la répression policière contre les étudiants.
Cette crise des salaires impayés dans l’éducation à Walikale illustre un malaise plus profond. Combien de temps encore le système éducatif congolais pourra-t-il fonctionner avec des enseignants travaillant gracieusement ? Et jusqu’à quand tolérera-t-on que la jeunesse, assoiffée de savoir, soit traitée en ennemie publique lorsqu’elle réclame ses droits les plus élémentaires ?
Alors que la tension monte dans la région, la communauté académique attend toujours une médiation gouvernementale crédible. Sans solution rapide, c’est toute une génération d’étudiants de Walikale qui risque de payer le prix fort d’un conflit dont ils ne sont pas responsables. L’éducation, pilier du développement, mérite-t-elle vraiment d’être ainsi sacrifiée ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
