La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) orchestre une offensive diplomatique inédite sur le sol congolais. Le président de sa Commission, Gilberto da Piedade Verissimo, a annoncé à Kinshasa une réunion CEEAC RDC de haut niveau, destinée à juguler la criminalité transhumance Afrique centrale. Cette démarche intervient après un entretien crucial avec Félix Tshisekedi, où le constat fut sans appel : les mouvements traditionnels de bétail sont devenus un vecteur de délits organisés.
« Depuis quelque temps, la transhumance est utilisée dans notre sous-région à des fins criminelles, notamment pour le trafic d’armes transhumance », a dénoncé M. da Piedade, dévoilant ainsi l’urgence sécuritaire. Une réalité qui transforme les pâturages en corridors d’illégalité, où les armes circulent sous couvert de migrations animales. Le président Tshisekedi, sensible à cette menace, a immédiatement validé l’accélération des préparatifs, confiant au ministre de l’Intégration régionale, Didier Mazenga, le soin de piloter les discussions préliminaires.
Trois jours de concertations techniques précéderont le sommet, réunissant des experts des ministères sectoriels des pays membres et non-membres de la CEEAC. Ce format inédit souligne l’ampleur transfrontalière du fléau : la criminalité liée à la transhumance ne connaît pas de frontières, sapant la stabilité de toute l’Afrique centrale. Mais ces assises techniques suffiront-elles à déjouer des réseaux criminels toujours plus ingénieux ? La question plane sur des travaux qui devront concilier impératifs économiques pastoraux et sécurité régionale.
L’implication personnelle de Félix Tshisekedi CEEAC dans ce dossier n’est pas anodine. Elle révèle une stratégie de leadership régional où la RDC se pose en rempart contre les trafics. En accueillant cette réunion, Kinshasa affiche sa volonté de piloter les solutions transhumance RDC, mais assume aussi un risque politique majeur. L’échec d’une telle initiative pourrait en effet exacerber les tensions intercommunautaires déjà vives dans l’est du pays, où la porosité des frontières facilite ces trafics.
Les conclusions des experts seront soumises aux chefs d’État, posant les bases d’un plan d’action continental. Parmi les pistes envisagées : un système de surveillance coordonnée des corridors de transhumance et un cadre juridique harmonisé criminalisant le détournement de ces pratiques ancestrales. Reste à savoir si les volontés politiques suivront. Alors que la région affronte multiples crises, la réunion CEEAC RDC représente un test décisif pour la crédibilité de l’organisation. Le temps presse : chaque saison de transhumance offre aux trafiquants d’armes une nouvelle fenêtre d’opportunité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net