Une onde de choc traverse le territoire de Bukama dans la province du Haut-Lomami, où la campagne agricole 2025 révèle des chiffres alarmants. Selon Olivier Kalala, inspecteur territorial de l’agriculture, les rendements en maïs oscillent désormais entre 1300 et 1500 kilos par hectare, plongeant bien en dessous des performances historiques de cette région pourtant considérée comme un grenier céréalier. Comment une telle hémorragie productive a-t-elle pu survenir ? La réponse se niche dans un phénomène climatique implacable : une sécheresse prolongée ayant frappé au pire moment, durant la phase critique de floraison.
Le mécanisme est aussi précis que dévastateur. « La pluie a considérablement diminué précisément lorsque les plants entraient en floraison, compromettant irrémédiablement leur fécondation », détaille Olivier Kalala. Ce goulot d’étranglement climatique a transformé des champs prometteurs en paysages de désolation, avec des cas extrêmes où des producteurs n’ont récolté que 200 kilos à l’hectare – une chute vertigineuse équivalant à une quasi-stérilisation des terres. Une situation qui soulève une question cruciale : cette crise localisée pourrait-elle dégénérer en catastrophe régionale ?
Les données recueillies par les services agricoles dressent un tableau sans équivoque. Plusieurs villages du territoire sont désormais englués dans une spirale infernale où la raréfaction des pluies a anéanti une part majeure des cultures vivrières. Cette baisse généralisée de la production maïs Haut-Lomami agit comme un détonateur pour la sécurité alimentaire. Avec des réserves céréalières en chute libre, l’inspecteur territorial redoute l’émergence d’une crise alimentaire RDC aux proportions incontrôlables d’ici les prochains mois. Une hypothèse d’autant plus crédible que Bukama représente un maillon essentiel dans l’approvisionnement des marchés provinciaux.
Face à cette urgence, l’appel lancé par Olivier Kalala résonne comme une requête vitale. Il plaide pour une assistance agriculteurs RDC structurée autour de trois piliers : des semences résilientes adaptées aux nouveaux aléas climatiques, des outils agricoles modernes pour optimiser les rendements résiduels, et surtout des solutions d’irrigation innovantes pour briser la dépendance aux précipitations. Sans cet appui technique et financier immédiat, l’agriculture Bukama risque de sombrer dans une vulnérabilité chronique, transformant la sécheresse Bukama actuelle en un marqueur permanent de précarité.
Les implications économiques dépassent largement le cadre local. Le maïs constitue en effet une culture de rente clé pour les ménages ruraux du Haut-Lomami, dont les revenus dépendent directement des performances de cette filière. Avec des pertes dépassant 50% dans certains secteurs, c’est toute l’économie domestique qui vacille. Les experts redoutent un effet domino : baisse du pouvoir d’achat, exode rural accru et pression inflationniste sur les denrées de base. Cette crise illustre cruellement l’urgence d’adaptation aux dérèglements climatiques, qui frappent désormais au cœur des systèmes productifs congolais. La résilience future de la région se jouera dans la capacité à transformer l’alerte d’aujourd’hui en plan d’action concret pour demain.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
