L’onde de choc parcourt la communauté musicale congolaise comme une mélodie en mineur. Le groupe MPR, ce joyau urbain né dans les ruelles vibrantes de Matete, verrait-il son harmonie légendaire se fissurer ? Depuis quelques semaines, les indices s’accumulent, créant une symphonie d’incertitudes autour du duo emblématique formé par Yuma Dash et Zozo Machine. Ces artisans de tubes engagés comme « Dollar » ou « Semeki », qui ont électrisé une génération, navigueraient-ils désormais sur des partitions divergentes ?
L’équipe managériale tente de calmer le jeu, affirmant avec force que la séparation du groupe MPR n’est « pas à l’ordre du jour ». Dans une déclaration enflammée, ils rejettent toute comparaison avec les légendes déchues de la musique congolaise comme Wenge Musica 4×4. « Un bel avenir à deux » est promis, mais les actes sur le terrain racontent une histoire différente, plus nuancée, telle une basse discrète mais persistante.
Zozo Machine, l’une des moitiés créatives du groupe, a récemment enregistré « Wenge Politica » en featuring avec Alesh, projet solo dont la sortie imminente enflamme déjà les réseaux. Son compère Yuma Dash, de son côté, a distillé sur Instagram un teaser énigmatique annonçant sa propre aventure en solo. Ces initiatives individuelles, aussi excitantes soient-elles pour la scène musicale congolaise, soulèvent une question lancinante : assiste-t-on à un simple interlude créatif ou au prélude d’une séparation définitive ?
L’inquiétude atteint son crescendo avec une publication cryptique de Zozo Machine : « J’ai grandi. Maintenant j’ai un autre regard sur le business et la musique ». Cette phrase, brève mais lourde de sous-entendus, a mis le feu aux poudres chez les fans. Quel est ce « nouveau regard » ? S’agit-il d’une maturation artistique naturelle ou d’un désir d’émancipation du cadre MPR ? La musique congolaise a-t-elle besoin de ce séisme ?
L’annulation surprise du concert à La Madeleine de Bruxelles, initialement prévu le 14 juin, ajoute une note dissonante à cette partition déjà complexe. Officiellement attribuée à des « retards administratifs », cette décision résonne étrangement dans un contexte où chaque membre explore sa voie en solo. Peut-on encore croire à la version officielle quand l’édifice MPR montre tant de fissures ?
Rappelons que depuis leur formation en 2016, Yuma Dash et Zozo Machine ont tissé une complicité artistique comparée à un « mariage musical » par les connaisseurs. Leur alchimie sur scène, ce mélange de flow percutant et de textes conscients, a redéfini l’urban music en RDC. Mais aujourd’hui, comme deux instruments cherchant soudain leur propre tonalité, leurs chemins semblent hésiter entre fusion et séparation.
Le public congolais, lui, oscille entre l’espoir et l’appréhension. Dans les maquis de Kinshasa comme sur les plateformes numériques, les spéculations vont bon train : cette période trouble annonce-t-elle une renaissance créative ou la fin d’une ère ? La stratégie des artistes reste enveloppée de mystère, tel un refrain dont on devine à peine les paroles.
Une certitude demeure : les prochains mois seront décisifs pour l’avenir de ce groupe qui a marqué la décennie. Alors que Yuma Dash prépare son projet solo et que Zozo Machine s’apprête à lancer « Wenge Politica », la musique congolaise retient son souffle. Le duo saura-t-il retrouver l’harmonie qui fit son succès ou cette crise ouvre-t-elle la voie à deux carrières solos parallèles ? La réponse viendra peut-être dans le silence entre les notes.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
