Dans l’Est de la République Démocratique du Congo, où les cicatrices des conflits marquent encore le quotidien des plus jeunes, la Journée enfant africain résonne comme un cri d’alarme. « Comment parler d’avenir quand nos écoles n’ont pas de toit et que les centres de santé sont des coquilles vides ? » interroge Mukendi, 14 ans, de Goma. Son témoignage, parmi des milliers d’autres, souligne l’urgence d’un plaidoyer enfants Est RDC transformé en engagements tangibles.
Cette année, sous le thème « Planification et budgétisation des droits de l’enfant : Progrès depuis 2010 », l’entreprise locale Xant Corp Goma brandit l’art comme arme de changement. Par des fresques murales et des ateliers créatifs, elle amplifie la voix des enfants, exigeant que leurs rêves guident les politiques publiques. « Nos œuvres ne sont pas que des symboles, » explique un porte-parole de l’organisation. « Elles doivent devenir des investissements concrets pour reconstruire des salles de classe, fournir des médicaments. La participation des enfants n’est pas optionnelle – elle est vitale pour définir leurs propres besoins. »
Cette approche trouve un écho puissant auprès du Parlement enfants RDC. Hans Murangaza, son président honoraire, martèle : « Transformer l’expression des jeunes en actions n’est pas une utopie, mais une nécessité. À Goma et dans tout le Nord-Kivu, nous bâtissons des projets culturels qui matérialisent leurs droits. » Des dessins d’enfants sur le droit à l’éducation ornent désormais les murs des municipalités, tandis que des pièces de théâtre itinérantes sensibilisent aux violences faites aux mineurs. Mais ces initiatives suffiront-elles face à l’ampleur des défis ?
Le cœur du combat réside dans la budgétisation droits enfant. Xant Corp et ses partenaires lancent un appel pressant au gouvernement congolais : « Il faut une transparence radicale dans l’allocation des ressources. Combien de fonds destinés aux écoles disparaissent dans des gouffres bureaucratiques ? » demandent-ils. Leur revendication : un suivi citoyen des budgets pour garantir que chaque franc atteigne les infrastructures scolaires et médicales des zones affectées par les conflits.
Derrière ces mobilisations se cache une réalité brutale. Dans les provinces de l’Est, près de 60% des enfants vivent sous le seuil de pauvreté, selon les dernières données de l’UNICEF. Les écoles surpeuplées manquent de manuels, et les centres de protection sont sous-équipés face aux flux de déplacés. « L’art nous donne une voix, mais nous voulons des murs solides pour nos salles de classe, pas seulement des peintures, » lance Esperance, 12 ans, lors d’un atelier à Beni.
L’enjeu dépasse la commémoration symbolique. Si les promesses de budgétisation droits enfant restent lettre morte, une génération entière risque de sombrer dans la précarité. Les organisations locales insistent : la reconstruction de l’Est passe par l’écoute active des enfants. Leur créativité, comme ces dessins exposés dans les rues de Goma, doit inspirer des lois et des comptes publics vérifiables. Car, comme le rappelle Murangaza, « investir dans l’enfance, c’est poser les fondations d’une RDC pacifiée ». Reste à voir si les décideurs transformeront ces mots en actes avant la prochaine journée de l’enfant africain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
