Le samedi 14 juin, un vent de frustration a soufflé sur Kinshasa. Dans les locaux de l’ONG Nouvelle Génération Congolaise (NGC), des dizaines de jeunes visages fermés écoutaient Mukenge Totoro, leur coordonnateur national, lancer cette question qui résonne comme un coup de tonnerre : « Où est la voix de la jeunesse congolaise dans les initiatives de paix ? » Une interrogation qui résume le sentiment d’abandon d’une génération pourtant majoritaire et directement impactée par les conflits.
Alors que des pourparlers se multiplient à Nairobi, Luanda, Lomé, Doha ou Washington, que les églises proposent des pactes sociaux, les jeunes de la NGC constatent amèrement leur absence autour des tables de négociation. « Depuis des semaines, nous assistons à une série de rencontres politiques animées par différentes figures établies, martèle Mukenge Totoro. Mais dans ce ballet diplomatique, la jeunesse congolaise, première victime des choix politiques, reste spectatrice. » Cette exclusion systématique des initiatives paix Congo serait-elle le symptôme d’une fracture générationnelle ?
Le coordonnateur de l’ONG NGC RDC ne mâche pas ses mots dans son adresse au président de la République : « Intégrez la jeunesse compétente et consciente dans toutes les démarches de restauration de la paix ! » Un appel direct qui souligne le paradoxe criant : comment reconstruire un avenir stable sans ceux qui le porteront ? La participation politique jeunes n’est pas qu’une revendication, insiste-t-il, mais une nécessité vitale pour une paix durable.
Les mots de Totoro frappent par leur justesse clinique : « À vous, classe politique, majorité comme opposition : arrêtez de marginaliser la jeunesse. Ouvrez l’espace à de nouvelles idées, à de nouveaux visages. » Ce plaidoyer dépasse la simple demande d’inclusion ; c’est une sommation adressée aux autorités d’assumer leurs « responsabilités régaliennes », notamment la protection des populations et du territoire. La jeunesse congolaise exclusion paix subirait-elle un double châtiment : victime des violences et exclue des solutions ?
Face à cette marginalisation, la NGC lance aussi un appel interne. Totoro enjoint aux jeunes congolais de « s’organiser et défendre leurs aspirations ». Un message clair : l’attentisme n’est plus une option. Dans un pays où 70% de la population a moins de 30 ans, cette mise à l’écart des dynamiques de résolution des crises interroge la représentativité même des instances décisionnelles. Les initiatives paix Congo peuvent-elles vraiment aboutir sans cette énergie neuve ?
Cette colère juvénile n’est pas qu’un ressentiment passager. Elle traduit une prise de conscience aiguë du pouvoir démographique et intellectuel d’une génération lassée d’être cantonnée au rôle de figurant. « Nouvelle Génération Congolaise » n’est pas qu’un nom d’ONG, c’est un programme politique. Alors que les négociations se poursuivent dans des capitales étrangères, ces jeunes rappellent que la paix se construira aussi, et surtout, dans les rues de Goma, de Bukavu ou de Kinshasa, avec ceux qui en paient le prix quotidien.
L’exclusion persistante de la jeunesse des arènes décisionnelles pourrait-elle à terme saper la légitimité même des accords de paix ? La question, lancinante, reste suspendue dans l’air congolais. En refusant d’entendre cette génération « compétente et consciente », ne prend-on pas le risque de construire une paix sans assise populaire ? Le message de Mukenge Totoro sonne comme un ultimatum : l’avenir de la RDC ne se fera pas sans sa jeunesse. Reste à savoir si les oreilles du pouvoir sont prêtes à l’entendre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net