Un démenti cinglant des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a balayé ce lundi les allégations d’un massacre de grande ampleur dans le territoire de Moba. L’institution militaire affirme catégoriquement qu’aucun événement de cette nature n’a frappé la région dans la nuit du 14 au 15 juin 2025. Cette prise de position fait suite aux déclarations fracassantes du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui avait évoqué la mort de 318 civils.
« L’information sur les prétendues 318 personnes tuées est fausse », ont martelé les FARDC dans un communiqué officiel. Les militaires ont souligné que les sources locales, notamment la société civile, pointent plutôt vers l’activisme récurrent du groupe armé Mutono. Selon ces témoignages, cette milice serait responsable d’une dizaine d’homicides depuis 2024 dans le groupement Maseba, chefferie de Kansabala. Comment une telle divergence a-t-elle pu surgir au sommet de l’État ?
La réponse se niche dans un enchaînement de communications erronées. Dimanche 15 juin, lors d’une séance plénière à Kinshasa, Vital Kamerhe avait brandi un rapport transmis par le caucus des députés du Tanganyika. Ce document, présenté comme véridique, accréditait le chiffre effarant de 318 victimes. L’émotion fut immédiate dans l’hémicycle et au-delà. Pourtant, moins de 24 heures plus tard, le Parlement battait en retraite.
Un communiqué signé par Philibert Kanika Sumbayi, chef de cabinet du rapporteur de l’Assemblée nationale, a reconnu une grave méprise. Le texte précise : « Après vérification, ce nombre de victimes communiqué au président de l’Assemblée nationale […] est erroné. » Cette rectification soulève des questions cruciales sur les circuits d’information en période de crise sécuritaire. Le territoire de Moba, zone reculée de la province du Tanganyika, reste-t-il une terre d’opacité ?
L’insécurité au Tanganyika, bien que niée dans son ampleur par ce récent épisode, demeure une réalité brûlante. Le groupe armé Mutono, actif dans le groupement Maseba, incarne cette menace latente. Ses exactions, bien que moins massives que le chiffre avancé initialement, pèsent sur des communautés déjà vulnérables. Les FARDC, tout en démentant le massacre, n’ont pas minimisé la persistance des violences. Leur communiqué insiste sur la vigilance maintenue face aux milices locales.
Cet imbroglio illustre les défis de la gestion de l’information dans les zones en proie à l’instabilité. La rapidité avec laquelle un bilan erroné a circulé jusqu’au plus haut niveau de l’État interroge les mécanismes de vérification. Vital Kamerhe, figure politique majeure, se retrouve au cœur d’une polémique inédite. Son erreur, involontaire selon les explications parlementaires, risque d’alimenter la méfiance des populations envers les institutions.
Sur le terrain, la société civile du Tanganyika appelle à une enquête indépendante pour démêler le vrai du faux. Si le scénario catastrophe a été écarté, la dizaine de morts attribuée au groupe Mutono depuis 2024 rappelle que le calme n’est qu’apparent. Les FARDC promettent des patrouilles renforcées dans le secteur de Kansabala. Mais comment rétablir la crédibilité après une telle tempête médiatique ? La réponse déterminera la perception de l’insécurité dans cette région oubliée.
La leçon est claire : dans un contexte sécuritaire fragile, chaque chiffre doit résister au crible de la confirmation croisée. L’épisode de Moba servira-t-il de catalyseur pour améliorer la remontée d’informations ? L’urgence demeure de protéger les civils tout en évitant les alarmes infondées qui sapent la confiance. Le Tanganyika mérite une attention précise, loin des approximations aux conséquences imprévisibles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd