Une accalmie sécuritaire remarquable persiste depuis près de soixante jours à Mungwalu, cité minière stratégique située à 85 kilomètres au nord-ouest de Bunia. La société civile locale, forces vives de cette région de l’Ituri, a publiquement salué cette amélioration progressive. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les incidents violents qui ensanglantaient quotidiennement la zone ont connu un reflux spectaculaire.
Chérubin Kokodilau, président de la société civile de Mungwalu, livre un constat sans équivoque. « Les tueries, enlèvements et braquages, presque quotidiens il y a quelques mois, ont considérablement diminué », affirme-t-il. Cette transformation radicale permet désormais aux habitants de circuler librement, sans la crainte permanente des attaques armées. Une question s’impose : cette paix fragile résistera-t-elle aux défis à venir ?
L’épicentre de cette renaissance sécuritaire se situe sur l’axe routier Bunia-Mungwalu. Autrefois couloir de la mort, cette artère vitale pour l’économie minière est redevenue praticable. Les véhicules transportant marchandises et personnes y roulent désormais de nuit comme de jour, sans subir d’agressions. Cette normalisation du trafic symbolise la profondeur de l’accalmie observée en Ituri.
Trois facteurs clés expliquent cette métamorphose. Premièrement, une campagne intensive de sensibilisation menée par les leaders communautaires et relayée par les médias locaux. Ces messages ciblés ont directement touché les porteurs d’armes. Deuxièmement, l’implication accrue des services de sécurité de l’État. Enfin, la mobilisation inlassable de la société civile de Mungwalu a joué un rôle décisif. Kokodilau souligne : « Les appels à la prise de conscience ont influencé nos frères détenteurs d’armes ».
Cependant, cet équilibre reste précaire. Pour consolider la stabilité, la société civile presse les autorités d’activer le Programme de désarmement, démobilisation, réintégration communautaire et stabilisation (PDDRCS). « L’opérationnalisation du PDDRCS en Ituri est urgente pour récupérer les armes et réintégrer les combattants dans la vie civile », insiste Kokodilau. Ce dispositif apparaît comme la clé de voûte d’une paix durable dans la province.
Les observateurs notent que cette accalmie intervient après des mois de pression internationale accrue sur les groupes armés. Pourtant, des zones d’ombre persistent. Qu’adviendra-t-il si le PDDRCS tarde à se concrétiser ? La route Bunia-Mungwalu gardera-t-elle son statut de voie sécurisée ? Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir de Mungwalu et de sa région minière. La vigilance reste de mise, malgré ce répit bienvenu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
