La scène politique congolaise s’enflamme dans un duel inédit opposant le Mouvement de Libération du Congo (MLC) et la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). L’exigence du parti de Jean-Pierre Bemba que l’institution religieuse s’enregistre comme formation politique révèle une fracture dangereuse entre sphères du pouvoir et autorité morale. Un conflit MLC CENCO qui cristallise les tensions religieux politique dans un contexte de crise politique RDC 2025, où chaque camp accuse l’autre de saper les fondements de la nation.
Dans une déclaration cinglante, le bureau fédéral du MLC à Kinshasa a sommé l’épiscopat de « sortir du sacré », l’accusant d’avoir dévié de sa mission évangélique. Cette offensive fait suite aux critiques des évêques qualifiant les déclarations de Bemba sur Top Congo du 9 juin de « mensonges éhontés ». Le vice-Premier ministre y imputait à Moïse Katumbi, Joseph Kabila et certains membres de la CENCO une tentative d’assassinat contre Félix Tshisekedi. Des Jean-Pierre Bemba accusations lourdes qui transforment le dialogue national Congo en champ de bataille rhétorique.
Les partisans de Bemba justifient cette sortie comme un « sursaut national » nécessaire face aux dérives systémiques. « L’heure de la vérité a sonné », clament-ils, rejetant toute intention de monopole sur la vérité tout en fustigeant les « esprits tordus » qui attaqueraient leur leader. Une position pour le moins paradoxale, alors que leur chef file la métaphore guerrière dans un pays encore meurtri par les conflits passés. La réplique des religieux ne s’est pas fait attendre : les évêques ont rétorqué par une question glaçante, évoquant le spectre des massacres de Kisangani et Kinshasa. « Bemba veut-il ramener le pays à cette époque ? », interrogent-ils, dénonçant des « allégations gratuites et diffamatoires » qui empoisonnent le climat politique depuis 2023.
L’extension des hostilités à Olivier Kamitatu, qualifié de « fruit de la honte » par le MLC pour sa « trahison » envers la famille Bemba, illustre l’élargissement du front conflictuel. L’ancien président de l’Assemblée nationale a contre-attaqué en accusant Bemba de fabriquer une « fiction dangereuse » pour masquer ses échecs gouvernementaux. Ces échanges croisés soulèvent une question cruciale : comment un dialogue national Congo peut-il émerger lorsque les acteurs principaux se renvoient mutuellement l’image de fauteurs de guerre ?
Cette crise politique RDC 2025 dépasse la simple joute verbale. Elle touche au cœur des équilibres institutionnels dans un pays où l’Église catholique a historiquement joué un rôle de médiateur incontournable. En exigeant sa transformation en parti politique, le MLC remet en cause sa légitimité morale – une manœuvre perçue par certains observateurs comme une tentative de délégitimation pré-électorale. Les tensions religieux politique atteignent ici un seuil critique, où la frontière entre critique constructive et stratégie de déstabilisation devient alarmamment floue.
Les implications sont lourdes pour la stabilité nationale. D’un côté, la CENCO met en garde contre les risques d’attisement des braises dans une société fragilisée. De l’autre, le MLC campe sur sa posture de donneur de leçons, accusant l’Église de véhiculer un discours de « haine et de division ». Ce cercle vicieux de provocations et de contre-attaques personnalisées éloigne chaque jour davantage la perspective d’une résolution pacifique. La crédibilité des institutions s’en trouve érodée, tandis que la population assiste, impuissante, à ce duel d’égos.
Quel avenir pour le dialogue national dans ces conditions ? Les récentes escarmouches révèlent une dangereuse polarisation où chaque camp instrumentalise l’histoire à des fins politiques. Le rappel des violences passées par la CENCO, tout comme les références du MLC au Concile Vatican II, témoignent d’une bataille narrative où la mémoire collective devient arme de combat. Cette crise dépasse les individus pour interroger la capacité du système congolais à contenir les dérives autoritaires et les conflits d’intérêts.
À l’approche d’échéances électorales déterminantes, l’épreuve de force entre ces deux pôles d’influence pourrait sceller le destin de la transition démocratique. Les prochains jours diront si cette guerre des mots dégénère en confrontation ouverte ou si une trêve salvatrice émergera des décombres rhétoriques. Une chose est certaine : dans ce jeu dangereux, la République démocratique du Congo tout entière est mise en balance.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net